Depuis dix ans, la Direction de santé publique du Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Abitibi-Témiscamingue collabore avec les deux organismes de bassin versant de la région, soit l’OBV Abitibi-Jamésie et l’OBV du Témiscamingue, afin de promouvoir l’analyse volontaire de l’eau des puits domestiques. Cette initiative vise à inciter les propriétaires à vérifier la qualité de l’eau qu’ils consomment et à les sensibiliser aux enjeux liés à la contamination. La compilation des résultats a permis de mieux cerner les problématiques présentes sur le territoire et de formuler des recommandations destinées à réduire l’exposition aux contaminants.
Environ 25 % de la population de l’Abitibi-Témiscamingue n’a pas accès aux réseaux municipaux d’aqueduc et dépend d’un puits domestique pour son approvisionnement en eau. La qualité de cette eau peut être compromise par des contaminants naturels, comme l’arsenic et le manganèse, ainsi que par le ruissellement et l’infiltration d’eau de surface vers la nappe phréatique. Ces risques varient d’un secteur à l’autre et peuvent même différer entre deux puits voisins.
Entre 2015 et 2025, l’eau de 500 puits répartis sur l’ensemble du territoire a été analysée dans le cadre du projet. Les résultats révèlent qu’un puits sur deux présentait au moins un paramètre non conforme selon les normes établies par le Règlement sur la qualité de l’eau potable. Plus précisément, un puits sur trois contenait des niveaux trop élevés de contaminants chimiques, tels que le manganèse et l’arsenic, tandis qu’un puits sur cinq s’est avéré non conforme en raison de la présence de bactéries, notamment Escherichia coli. Si les effets des contaminants bactériens, comme les gastro-entérites, se manifestent généralement à court terme, l’exposition prolongée à certains métaux peut avoir des conséquences graves sur la santé, notamment un risque accru de cancers de la peau, de la vessie et des poumons, dans le cas d’un contact prolongé avec de l’arsenic.
La directrice de santé publique, Dre Omobola Sobanjo, rappelle que ces résultats démontrent l’importance de faire analyser régulièrement l’eau des puits domestiques afin de préserver la qualité de l’eau potable et de protéger la santé des résidents. Au Québec, il revient en effet au propriétaire d’un puits de s’assurer que l’eau qu’il utilise est propre à la consommation. Les autorités recommandent de procéder à des analyses microbiologiques deux fois par année, entre le printemps et l’automne, idéalement après de fortes pluies, des inondations ou la fonte des neiges, et de vérifier au moins une fois la présence de contaminants chimiques comme l’arsenic et le manganèse durant la période d’utilisation du puits. Une analyse est également conseillée si l’eau change soudainement d’apparence, de goût ou d’odeur, ou si des travaux sont réalisés autour du puits.
Pour l’année 2025, un partenariat avec le laboratoire H2Lab permet d’offrir aux résidents de l’Abitibi-Témiscamingue un rabais de 30 % sur plusieurs forfaits d’analyse d’eau de puits résidentiels. En collaboration avec les organismes de bassin versant, qui fournissent le soutien technique et les bouteilles d’échantillonnage, ce programme vise à faciliter la surveillance de la qualité de l’eau. Les personnes intéressées peuvent obtenir plus d’information ou participer au projet en communiquant avec l’OBV du Témiscamingue au 819 629-5010 ou par courriel à info@obvt.ca, ou encore avec le CISSS de l’Abitibi-Témiscamingue au 819 764-3264, poste 46000, ou par courriel à 08.cisssat.sante.environnement@ssss.gouv.qc.ca.
Source : OBVT et CISSS-AT