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Les semeurs d’espoir : un jardin qui change des vies

18 août 2025

par : Karen Lachapelle

photo : CJET

À Lorrainville, un projet unique permet de faire pousser bien plus que des légumes. Initié par Martin Desrochers, intervenant de milieu au Carrefour Jeunesse-Emploi du Témiscamingue (CJET), en collaboration avec son voisin Sylvain Bérard, le jardin communautaire Les semeurs d’espoir réunit des personnes en situation de besoin ou d’itinérance autour d’un objectif commun : cultiver la terre… et l’espoir.

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Tout est parti d’un constat simple : les banques alimentaires reçoivent rarement des légumes frais. « Sylvain aidait déjà les familles dans le besoin, en toute discrétion, raconte monsieur Desrochers. Un jour, il m’a dit : pourquoi ne pas faire un jardin pour fournir ces gens-là ? » L’intervenant a alors proposé d’aller plus loin. « J’ai pensé : et si, au lieu de seulement leur donner des légumes, on les impliquait directement dans la culture ? »

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Pour celles et ceux qui passent une grande partie de leurs journées dans la rue, le jardin est devenu un lieu où se rendre, travailler et se sentir utile. « Plutôt que d’errer toute la journée, ils peuvent venir au jardin. Ça change tout dans leur routine », souligne Martin Desrochers. Trois grandes planches de culture ont ainsi été aménagées et, rapidement, l’enthousiasme a pris racine. Environ quarante personnes participent au projet, certaines quotidiennement, d’autres plus ponctuellement.

Grâce à différents partenariats, des participants sont même transportés jusqu’au jardin. Sur place, ils cultivent, cueillent et peuvent repartir avec des légumes pour leur propre consommation. Une partie des récoltes est également vendue, et les revenus servent à acheter du matériel, offrir de petites compensations ou financer des repas partagés. « Le jardin leur appartient. Ils peuvent prendre ce dont ils ont besoin, c’est à eux », insiste avec un enthousiasme contagieux monsieur Desrochers.

Ce projet existe notamment grâce à la générosité de la communauté. Ainsi, 4 000 $ à 5 000 $ ont été donnés par la population, des outils et du matériel ont été offerts par des commerces, alors que des « anges anonymes » ont contribué financièrement. « Trois hommes qui étaient en itinérance depuis plusieurs mois ou années ont maintenant un logement, affirme l’intervenant. Pour nous, c’est déjà un miracle. »

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Chaque jeudi, le jardin devient aussi un lieu de rencontre. On y désherbe, on y partage un repas simple, on y jase. Autochtones, allophones, francophones : ici, il n’y a plus d’étiquettes. « Au jardin, on n’est plus des itinérants, des bénévoles ou des intervenants. On est juste des jardiniers », résume-t-il avec le sourire.

Et le travail ne s’arrêtera pas avec la fin de la saison. Monsieur Desorchers planche déjà sur de nouveaux partenariats avec des entreprises du Témiscamingue afin de poursuivre l’initiative. « On veut trouver des moyens de garder les participants actifs après l’été, que ce soit par de l’ensachage, de la transformation ou d’autres formes de collaboration. L’objectif, c’est de maintenir le lien et la motivation. », explique l’intervenant.

Les semeurs d’espoir cultivent bien plus que des légumes : ils cultivent la dignité, l’entraide et le lien social. Et cette récolte-là n’a pas de prix.

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