Le 31 août prochain se clôturera la première édition de la Biennale FORÊT, organisée par le Rift. Échelonné sur tout l’été, le projet s’est déployé de trois façons : une exposition collective en salle, des résidences d’artistes en nature et des ateliers offerts à la population.


À quelques jours de la fin de l’évènement amorcé le 13 juin, Émilie B. Côté, codirectrice et directrice artistique des arts visuels du Rift, s’avoue satisfaite des résultats obtenus. « Bien sûr, il s’agissait d’une première édition, donc nous nous sommes donné le droit d’essayer de nouvelles choses que nous pourrons réajuster pour la prochaine édition. Nous avons été gâtés par la température, tous les projets en plein air se sont déroulés sur des périodes où le soleil était au rendez-vous. »
Cette première édition de FORÊT, qui remplace la Biennale internationale d’Art miniature a reçu une bonne réponse du public, qui a apprécié la nouvelle proposition. Même les plus nostalgiques, habitués à la formule précédente. « Les spectateurs qui ont rencontré les artistes dans les forêts témiscamiennes ont pu vivre des rencontres improbables et surprenantes. Ultimement, je pense que pour nous, c’était une belle façon de se renouveler », explique madame B. Côté. Les artistes, quant à eux, sont nombreux à avoir proposé leur candidature pour une résidence ou une participation à l’exposition collective. « Nous avons reçu 160 propositions, ce qui est assez spectaculaire pour nous. Nous en avons sélectionné six pour les résidences et dix pour l’exposition. » Elle confie d’ailleurs que les candidats choisis ont fort apprécié leur expérience. « Certains connaissaient déjà le Témiscamingue, mais certains le découvraient pour la première fois! Je pense que notre accueil chaleureux et la proximité avec la nature les a séduits. »

L’exposition collective, qui rassemblait les œuvres de Marie-Aube Laniel, Claire-Alexie Turcot, Annie Baillargeon, Violaine Lafortune, Édith Lapperière, Karl Chevrier, Stacy-Ann Olivier ainsi que Stéphanie Matte et Sabrina Forget-Matte, a attiré quelque 1200 visiteurs. L’objectif visait à mettre en lumière la relation des artistes avec le territoire. « Au Témiscamingue, je crois que ce qui nous distingue du reste du Québec, c’est le rythme de vie lent qui permet la contemplation et l’accès à une nature généreuse et encore sauvage. Je voulais que notre évènement respire cette liberté. »

Les résidences d’artistes, maintenant terminées, ont également suscité un bel engouement et offraient une grande diversité. Claire-Alexie Turcot a réalisé une création en taille directe à la scie à chaine dans un cube de LVL, fourni par LVL Global. Son œuvre L’ours de la grotte est inspirée de la grotte de Ville-Marie qui a été détruite en 2023. Marie-Aube Laniel, pour sa part, a réalisé des œuvres en land art dans les sentiers de l’endroit avec du saule cueilli sur place. Enfin, Annie Baillargeon y a réalisé une série de photos et de vidéos lors d’une performance.
Dominic Lafontaine, artiste anicinabe, a emballé un bâtiment situé à Obadjiwan – Fort-Témiscamingue avec du papier mylar qui reflétait la forêt environnante pour donner l’impression que le bâtiment se fondait dans le décor. Ce faisant, il souhaitait se réapproprier le site historique marqué par la présence des Premières Nations depuis plusieurs milliers d’années.

Rytha Kesselring a peint, dans le sentier derrière la salle de quilles à Lorrainville, sur les arbres d’une pépinière avec de l’argile et de la chaux pour créer des illusions d’optique. Elle a également tissé entre les arbres avec du lin. Violaine Lafortune, de son côté, a mené un projet en dessin où l’art et la science se côtoient en s’intéressant aux sols argileux du Témiscamingue.

De nombreux ateliers ont également été offerts au public. Estampe sur rondin de bois, fabrication d’une œuvre murale en tissage végétal, observation des sols et dessin au fusain ne sont que quelques-unes des activités au programme de l’édition 2025. Même si elles ont toutes été appréciées des participants, l’une d’elles a mérité une mention spéciale, selon la codirectrice de l’organisme. « Je crois que les participants ont eu un petit coup de cœur pour l’atelier de fabrication de panier d’écorce avec l’artiste anicinabe Grace Ratt. Les savoirs ancestraux des peuples autochtones sont une richesse et nous sommes reconnaissants d’avoir accès à ce partage. »
Le public jeunesse, quant à lui, n’a pas été en reste dans la programmation, qui comprenait une sélection d’activités pour 6-12 ans. En outre, pour la toute première fois, les enfants inscrits au camp de jour artistique du Rift ont pu rencontrer des artistes en résidences. « Ils ont eu la chance de réaliser un projet et de faire une incursion dans la vie d’un artiste professionnel. »
La prochaine édition de FORÊT aura lieu à l’été 2027 et des idées ont déjà commencé à germer pour sa conception. « Nous aimerions faire venir un artiste de l’international et développer de nouveaux partenariats pour avoir accès à de multiples terrains de jeux partout au Témiscamingue! Faire découvrir ou faire redécouvrir le territoire aux artistes d’ici et d’ailleurs… » mentionne la codirectrice du Rift. Cette dernière termine en annonçant une bonne nouvelle pour l’organisme. « Nous avons reçu une augmentation de notre financement à la suite de la présentation de FORÊT au Conseil des arts et des lettres du Québec, notre première augmentation dans les 10 dernières années. Nous sommes donc très fiers d’avoir scoré fort avec ce nouvel évènement, qui sera amené à se développer à chaque édition. »