Isabelle Lepage-Gagné enseigne en deuxième année à l’école Saint-Gabriel, de Ville-Marie. C’est une passionnée de son métier, mais également des chiens, et ce, depuis toujours. Constatant une hausse de l’anxiété et du stress chez les élèves, elle a alors songé à une façon de joindre ses deux passions. De cette réflexion est né le projet de zoopédagogie qu’elle commence avec cette nouvelle rentrée scolaire, sa vingtième en carrière.
« Les chiens me font du bien dans mon quotidien personnel, font du bien à mes filles aussi, et je me suis dit : est-ce que je pourrais permettre aux enfants à qui j’enseigne de le vivre? » raconte celle qui est également mère de trois enfants. C’est donc avec l’idée de départ de travailler sur l’anxiété des élèves en général qu’elle s’est informée sur les formations offertes en zoothérapie et sur le processus à suivre pour être en mesure de transposer ses futurs acquis dans sa classe.
Isabelle Lepage-Gagné s’est ensuite adressée à la direction de l’école afin de tâter le terrain. « Elle a tout de suite embarqué dans mon idée et on a rencontré l’équipe-école pour lui expliquer », précise-t-elle. Par la suite, le projet a également reçu le sceau d’approbation du conseil d’établissement. Tout comme celui du comité de perfectionnement, qui a même accepté de financer la formation sélectionnée par l’enseignante, offerte par Zoothérapie Québec.
D’une durée de trente heures, celle-ci a eu lieu en mai dernier, à Montréal. Après une semaine de cours sur la santé animale, sur l’éducation canine, avec un volet sur le terrain à la rencontre de différents chiens, madame Lepage-Gagné était gonflée à bloc « Je voyais grand, le projet n’était plus juste une idée. C’était devenu quelque chose de très gros, mais je me suis ramenée à la base de ce que je voulais. »
L’idée de base, c’était de faire en sorte de partager avec ses élèves les bienfaits apportés par Pistache, son bouvier bernois de seize mois. Depuis l’adoption de sa chienne, l’enseignante souhaitait qu’elle puisse travailler auprès d’enfants. « Je l’ai tout de suite conditionnée à être avec des enfants, au parc et ailleurs, et j’avais la permission de ma direction pour l’apporter pour des activités-récompenses avec des élèves et de la désensibilisation. »
L’enseignante a également bénéficié d'un service de mentorat offert par Audrey Desrosiers, une zoothérapeute de l’entreprise montréalaise Au bout du museau. « Avec elle, on a monté un programme pour l’année scolaire au complet, et elle a vraiment touché tous les besoins de l’enfant au niveau des émotions, de la pleine conscience, du retour sur les apprentissages des élèves durant la semaine, la prévention des morsures. » De nombreuses activités pédagogiques ont également été élaborées, notamment pour travailler les mots de vocabulaire de la semaine en compagnie de Pistache, mais également pour développer les habiletés de lecture. Les élèves pourront aussi se familiariser avec le dressage canin, toujours dans un objectif de développer certaines aptitudes. « On va montrer des tours à Pistache, comme cacher son nez avec sa patte, faire le mort, tout ça pour amener les enfants à bien communiquer entre eux, qu’ils voient que c’est important de donner des consignes claires. »
La présence de Pistache dans la classe était conditionnelle à l’absence d’allergies chez les élèves de Isabelle Lepage-Gagné, mais aussi à la signature d’un formulaire de consentement parental. L’enseignante a également souscrit à une assurance, en plus de s’outiller pour recevoir son chien dans son local, avec l’achat de produits anti-allergies et de nettoyants.
Elle explique que l’arrivée de Pistache se fera seulement à la fin octobre, le temps que tous soient bien préparés à sa venue. « Ce sera une entrée progressive. On voit l’histoire de Pistache, on fait de la prévention des morsures, j’ai acheté du matériel avec des affiches, j’ai des toutous de Pistache pour la montrer avant même qu’elle vienne. » Madame Lepage-Gagné insiste toutefois sur un point : les enfants ne seront pas forcés à prendre part aux activités avec Pistache. « On va la vivre autrement, c’est tout ! »
Par ailleurs, le bouvier bernois ne sera en classe qu’une fois par semaine, le vendredi, une journée souvent plus tranquille dans les écoles. Mais l’enseignante n’exclut pas la possibilité de visites imprévues de Pistache, si besoin est. « J’habite à trois minutes de l’école. Si jamais un élève se désorganise, je vais aller chercher Pistache et on va intervenir tout de suite! »
Pour Isabelle Lepage-Gagné, il ne fait aucun doute que l’expérience sera couronnée de succès. Un suivi hebdomadaire est d’ailleurs prévu, pour en évaluer la portée et les bienfaits sur les élèves. Notamment avec une grille d’évaluation qui permettra de suivre l’évolution de chaque élève en fonction des défis sur lesquels il devait travailler.
À la fin de l’année scolaire, elle espère avoir ce qu’il faut en main pour montrer au Centre de services scolaire que la zoopédagogie ne présente que des avantages. « J’y crois, ils y ont cru, je veux leur prouver que ç’a eu un effet », termine l’enseignante.