Du 2 au 4 septembre 2025, le centre communautaire de Timiskaming First Nation a vibré au rythme de la 5ᵉ édition de MIAJA, un rassemblement culturel biennal organisé par Minwashin, organisme dédié à la valorisation de la langue, des arts et de la culture anicinabe, en collaboration avec la communauté locale.
Sous le thème Réécrire et raconter notre histoire, cette édition a mis en lumière une volonté collective de reprendre la parole, de guérir les blessures du passé et de transmettre aux jeunes générations la langue, les récits et les savoirs anicinabe.

La programmation s’est ouverte avec la projection du documentaire Le Peuple invisible, en présence de ses réalisateurs Richard Desjardins et Robert Monderie. Près de vingt ans après sa sortie, ce film demeure un puissant cri de réappropriation narrative et un vecteur de dialogue entre Autochtones et non-Autochtones. Des membres de neuf communautés anicinabe du Québec se sont réunis pour échanger autour des enjeux soulevés, des avancées réalisées et des défis toujours actuels.
La journée du 3 septembre a débuté par une cérémonie du lever du soleil, suivie de chants, prières et discours inspirants portés par Vicky Chief (Timiskaming First Nation), Savanna Mc Gregor (Conseil tribal de la nation algonquine Anishinabeg), Marjolaine Étienne (Femmes autochtones du Québec) et Richard Ejinagosi Kistabish (Minwashin).

« Cette année, nous vous invitons à réfléchir avec nous à notre véritable histoire, racontée avec nos mots, nos voix, nos souvenirs », ont exprimé Richard Ejinagosi Kistabishet Vicky Chief. « Chaque communauté, chaque aîné détient une part de cette mémoire. Nous souhaitons la recueillir, la partager et la transmettre, pour que les jeunes puissent marcher fièrement dans les pas de leurs ancêtres. »

Les festivaliers ont ensuite découvert une œuvre émotive de Katie Tebiscon, rendant hommage à la tradition orale anicinabe, pilier de la transmission des savoirs. Cette thématique traversait toute la programmation de la journée : atelier de théâtre d’objet, classe de maître sur les perspectives anishinabe, récits fondateurs sur la création du monde et histoire de Timiskaming First Nation, livrée par Alison McBride.
Des intervenants ont également enrichi les échanges par des conférences sur la protection du Mos, la gouvernance anicinabe ou encore l’histoire de l’art anicinabe. La journée s’est conclu par l’exposition Honorons les femmes anicinabe, gardiennes de la culture et des récits.

Le 4 septembre, s’est tenue une conférence émotive consacrée à la langue comme fondement de l’identité anicinabe. Ont suivi la présentation de l’histoire de Kitigan Zibi et de la famille Commando, témoins d’un enracinement familial et communautaire fort.
Une exposition scolaire, réalisée dans le cadre du programme Réécrire notre histoire, a ensuite été présentée, mettant en lumière le travail des jeunes dans la réappropriation de leur mémoire collective.

La conférence Préserver notre mémoire, transmettre notre histoire, puis les mots de clôture de Roger Wylde ont précédé la cérémonie de clôture, qui a été marquée par la mise à l’eau d’un canot d’écorce traditionnel. Ce canot, façonné par l’artisan Karl Chevrier, récipiendaire du prix Maîtres de traditions vivantes 2024, a été construit avec un groupe d’étudiants dans un esprit de transmission.

La mise à l’eau du canot incarne la vitalité, une offrande à la Terre et aux eaux, une bénédiction des ancêtres, un appel au voyage vers la mémoire, le dialogue, la guérison, l’avenir et la continuité d’un savoir-faire ancestral profondément enraciné dans la culture anicinabe. C’est également une réaffirmation identitaire qui proclame, avec force et grâce, que le peuple anicinabe est toujours vivant sur son territoire, parlant sa langue, et pratiquant ses gestes transmis depuis des siècles.