Le Centre d’exposition du Rift présente actuellement Un jardin la nuit, une œuvre immersive née de la collaboration entre la photographe Caroline Hayeur et l’artiste interdisciplinaire D. Kimm, accompagnées de la musique envoûtante de Guido Del Fabbro. L’exposition, inaugurée en présence de l’artiste le 26 septembre dernier, se poursuit jusqu’au 15 novembre.

Réalisée à partir d’un patient travail de cinq ans, l’installation conjugue des vidéos projetées en grand format et une série photographique en noir et blanc, imprimée sur textile. Munies de caméras de chasse infrarouges, les artistes ont capté plus d’une centaine d’heures d’images dans deux lieux contrastés : la campagne près de Montcerf, en Outaouais, et un jardin montréalais. Ces fragments de nuit dévoilent un monde secret où la faune et la flore poursuivent leur cycle, à l’abri du regard humain.

Chevreuils, renards, ratons laveurs, chats et lapins apparaissent dans leur intimité naturelle. Entre ces scènes d’une beauté étrange surgissent aussi des objets surréalistes, des silhouettes fantomatiques, une luciole animée de Claude Cloutier et quelques esprits malicieux. Un jardin la nuit évoque autant l’émerveillement devant la nature que la douce inquiétude des lieux familiers transfigurés par l’obscurité. L’expérience, à la fois sensorielle et poétique, s’adresse à un public de tous âges.

Photographe et vidéaste engagée depuis plus de 30 ans, Caroline Hayeur explore les liens entre le corps social et le territoire. Son approche, qu’elle qualifie d’« ethnologie du quotidien », s’inscrit dans la lignée du documentaire et de la poésie visuelle. Elle s’intéresse aux rituels, aux émotions et aux espaces de rencontre, qu’elle capture avec une sensibilité profondément humaine. Depuis 2000, elle intègre aussi les arts médiatiques à sa pratique, multipliant les collaborations, notamment avec la musicienne Myléna Bergeron.

Quant à D. Kimm, artiste inclassable, elle est reconnue pour son travail interdisciplinaire et son engagement dans la scène artistique montréalaise. Fondatrice de la compagnie Les Filles électriques et du Festival Phénomena, elle a publié plusieurs recueils et albums de poésie-musique, en plus de signer diverses œuvres scéniques et cinématographiques. En 2025, elle a été nommée récipiendaire de l’Ordre des arts et des lettres du Québec, une distinction qui souligne la portée de son œuvre.

Avec Un jardin la nuit, Caroline Hayeur et D. Kimm invitent le public à pénétrer un univers où la nature devient récit, où l’ombre se fait lumière, et où chaque image rappelle la beauté fragile du vivant.