Comme chaque année, la communauté internationale célèbre le 10 septembre la journée mondiale de la prévention du suicide. Le thème choisi pour cette 18e édition est « Travaillons ensemble pour prévenir le suicide ». Au Québec, les acteurs de la société civile concernée par cette problématique mondiale dressent un bilan de la situation et sensibilisent la population à la question de la prévention du suicide.
« L’état du suicide au Québec est relativement stable, il y a trois personnes qui perdent la vie chaque jour au Québec à cause du suicide pour un total d’environ 1117 personnes par année et le nombre de décès reste relativement stable depuis dix ans. En revanche, étant donné que la population augmente et que le taux de suicide a tendance de diminuer lentement, donc ce qu’on peut dire, c’est que la situation est relativement stable, explique monsieur Jérôme Gaudreault, directeur général de l'association québécoise de prévention du suicide (AQPS). Il faut continuer à travailler fort et mettre en place des mesures qui vont nous aider à diminuer le nombre des cas de suicides au Québec et aussi, venir en aide à plusieurs centaines de personnes qui ont déjà pensé au suicide. »

Un taux élevé au Témiscamingue
De son côté, la directrice générale du Centre de prévention du suicide du Témiscamingue, Lynda Clouâtre, s’inquiète quant à la situation du suicide au Témiscamingue. « On se base beaucoup sur les statistiques de l’Institut de la statistique du Québec et les données du gouvernement du Québec, ils ne nous envoient pas des statistiques concernant uniquement notre territoire du Témiscamingue, mais des données combinées de la région de l’Abitibi-Témiscamingue et malheureusement, je peux vous dire que notre région et parmi celles qui ont un taux très élevé du suicide. »
Des ressources pour mieux sensibiliser
L’AQPS tient à renforcer ses activités et son dynamisme pendant la semaine qui coïncide avec la journée mondiale de la prévention du suicide de façon à partager son expertise dans le domaine. « Dans le cadre de cette journée, on organise une activité qui sensibilise la communauté à ce problème et les invite à participer à la prévention du suicide et connaitre les ressources dans ce sens. Entre autres, on invite les gens à allumer une chandelle afin de les engager à prendre conscience de la réalité du suicide et c’est une occasion d’apporter un soutien aux familles qui sont touchées par cette problématique, créer des liens et venir en aide aux gens les plus vulnérables », fait savoir le directeur général de l’association. « On essaie d’être très présents dans les espaces publics, dans les médias et les médias sociaux, encore plus et fortement durant la semaine de la journée mondiale de la prévention du suicide, pour sensibiliser la population, mais aussi on a plusieurs activités et une programmation riche et diversifiée tout au long de l’année », a-t-il précisé.
Le volet formation est crucial
Le centre de prévention du suicide du Témiscamingue surveille la situation de près et reste à la disposition de la population dans toute la région. « Nous sommes très engagés à sensibiliser les gens partout sur le territoire afin d’aider à accorder beaucoup plus d’attention à cette problématique présente dans notre région. Qu’ils s’agissent de la journée mondiale de la prévention du suicide, de la semaine nationale de prévention du suicide ou durant toute l’année, nous avons des activités adaptées et développées à la sensibilisation des citoyens. On a développé aussi le volet de la formation que nous offrons et qui peut aider les gens à détecter les personnes qui font face à des indices suicidaires. On a aussi des formations adaptées au personnel du réseau de la santé, ceux qui travaillent dans le communautaire, mais aussi dans le secteur scolaire », souligne Lynda Clouâtre.

Une collaboration exemplaire
D’ailleurs, malgré la situation alarmante, la directrice du centre est très satisfaite de la collaboration qui se fait dans la région du Témiscamingue. « On est très chanceux d’avoir plusieurs acteurs collaborateurs, ça peut être des organismes, des organisations ou même de simples citoyens animés par le sens de l’engagement. On a des collaborateurs dans le secteur du réseau de la santé, du milieu scolaire, des chefs de service qui nous aident à mettre de nouveaux programmes en place et plusieurs acteurs du milieu communautaire aussi », explique-t-elle. Cette dernière garde un très grand espoir d’une amélioration de la situation dans le futur. « On a plusieurs projets à mettre en place dans les prochaines années, entre autres renforcer des programmes de soutien auprès des familles et amis de personnes suicidaires ou en détresse, mais aussi mettre à la disposition des milieux professionnels les ressources nécessaires et indispensables à la prévention du suicide. »
La pandémie et le suicide
Concernant le lien qu’on peut faire entre la pandémie et le suicide dans un contexte de confinement, madame Clouâtre estime qu’il est très tôt pour formuler des conclusions. « Je ne peux pas trancher à dire qu’il y a beaucoup plus de suicides depuis le début de la pandémie, cependant n’importe quel intervenant peut affirmer qu’il y a détresse depuis le début de la pandémie, surtout avec l’isolement et le contexte du confinement, déclenchée par le changement des habitudes quotidiennes, mais aussi par des pertes de ressources financières », conclut-elle.