Une rentrée scolaire est toujours signe de nouveautés, et encore davantage cette année. Pour Benoit Chaussé, enseignant de français à l’école Marcel-Raymond de Lorrainville, cette 33e année d’enseignement a peut-être commencé sur une note plus complexe, mais n’a rien enlevé à son enthousiasme et à sa passion du métier. Pour sa fille Valérie, qui a suivi les traces de son paternel même si plus jeune elle était convaincue du contraire, la rentrée a été moins mouvementée alors qu’elle profite de l’arrivée de son nouveau bébé. Mais il est évident que ses élèves de 3e et 4 années du primaire de Témiscaming lui manquent déjà!
Il est toujours intéressant de connaître l’intérêt et les raisons qui se cachent derrière le choix de carrière des gens. Dans le monde de l’enseignement, où on entend régulièrement parler d’un changement de profession alors que les professeurs sont à bout de souffle, qu’est-ce qui motive notamment ce duo familial à se rendre à l’école tous les matins ?
Pourquoi avoir choisi l’enseignement?
Benoit Chaussé : Je n'avais vraiment pas prévu devenir enseignant. À 21 ans, j'étais en théâtre et un ami m'a alors mentionné que je ferais un bon enseignant. Ça m'a pris un bon six mois de réflexion avant de prendre ma décision et de m’inscrire au baccalauréat au préscolaire et primaire. Je ne voulais pas vraiment travailler avec les adolescents à l’école. Et le premier emploi qu’on m’a offert est l’enseignement des mathématiques à l’école secondaire de Latulipe pour le cheminement particulier. Par la suite, à l'école Marcel Raymond, le directeur de l'époque, Jean-Claude Bergeron, m'a offert un poste en français. J'ai alors eu une peur bleue, car le français était ma bête noire. J’ai accepté et, depuis ce temps, je suis professeur de français au secondaire.
Valérie Chaussé : Je ne voulais vraiment pas devenir enseignante, même si tout le monde me disait que je serais excellente. Je voulais suivre mes propres traces et non celles de mon père. Je me suis inscrite en théâtre et j'ai trouvé le milieu trop compétitif. Par la suite, je suivais des cours en communication, je m'occupais de camps de jour, je faisais même de l'aide aux devoirs. C'est alors que j'ai réalisé que je deviendrais enseignante. Encore dans le doute, j'ai même fait valider mon choix par mon père!
Quels étaient les plus grands défis lors de vos études?
B.C. : Le plus gros défi au baccalauréat a été le français écrit. Sinon, j'avais de la facilité. J'adorais les cours de psychologie, de développement de l'enfant. Mais ma bête noire était vraiment le français.
V.C. : Mon plus gros défi a été qu’à l’université de Rimouski, il fallait faire un examen de mathématiques niveau secondaire pour réussir le baccalauréat. Et moi, ma bête noire était les mathématiques !
Qu’est-ce qui vous allume le plus par rapport à l’enseignement ?
B.C. : Le plaisir d'apprendre à apprendre aux jeunes. Ce qui est très satisfaisant, c'est de prendre conscience comment et surtout quand un jeune apprend et comprend. Lorsqu'il vient de saisir la matière et tu vois dans ses yeux l'étincelle, je trouve ça génial!
V.C. : Je suis d'accord avec mon père. Dans ma classe, c'est important que les jeunes aient du « fun » en apprenant. Bien sûr qu'il y a des défis, mais c'est tellement stimulant et en plus, j'ai vraiment un amour pour la littérature jeunesse.
Qu’est-ce qui a le plus changé en enseignement au cours des années ?
B.C. : Je trouve que l'aspect familial a beaucoup changé. J'ai l'impression que les enfants semblent plus seuls, ils semblent moins mis d'avant. Il est sûr que la technologie rend les contacts plus difficiles, mais peu importe la technologie, il ne faut pas oublier que ça ne reste qu'un outil. Que ce soit une craie, un iPad, un cahier ligné, le cerveau doit apprendre à deux, c'est socioconstructiviste et la technologie peut être très bien utilisée. Il faut juste ne pas perdre de vue que l'être humain est à l'avant de tout.
Concernant la rentrée scolaire 2020, monsieur Chaussé a été agréablement surpris. « Il est certain que c'est plus compliqué, plus complexe. Nous sommes surchargés de consignes, mais à la fin de la première journée, l'équipe-école s’est félicitée du bon travail de tout le monde ainsi que la participation constructive des jeunes. »
Le duo père-fille déborde d’enthousiasme lorsqu’il discute de leur profession. Il est facile de se laisser transporter par leur passion pour l’enseignement. « On est sur notre X quand on est devant la classe de dire », de souligner monsieur Chaussé. À les écouter parler et se compléter dans leurs propos, il est facile d'imaginer que leur profession se retrouve souvent au cœur des discussions lors de rencontres familiales. « Je réfléchis à ce que je pourrais faire d’autre dans la vie, mais je ne vois vraiment pas. De l’enseignement, j’en mange », de conclure madame Chaussé, dont ses dires sont approuvés par son paternel.