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Artistes de père en fils

25 septembre 2020

par : Bianca Sickini-Joly | Journaliste de l'Initiative de journalisme local

photo : Sky Polson pose devant un tableau d'art abstrait qu'il a peint pour décorer la maison de son père

L'artiste autochtone Sky Polson croit réellement au pouvoir de l'art. Faire de la peinture lui a apporté une tonne de positif au cours de sa vie et c'est cette gaieté qu'il souhaite transmettre par ses créations. Ses œuvres sont rassembleuses et les couleurs sont éclatantes. Chaque coup de pinceau est une manière de représenter et d'honorer les valeurs chères à la culture des Premières Nations. Son père, l'artiste Frank Polson de la communauté anichinabée Long Point, l'a initié dès l'enfance au travail artistique.

L'art et la culture vont de pair

« J'ai toujours fait de l'art, parce que je peux représenter ma culture. Je reproduis l'histoire de mon peuple, comme les légendes, les cérémonies et la connexion avec la nature. » La spiritualité et les traditions autochtones sont bien établies dans le quotidien de l'artiste anichinabé. Il aime peindre des cérémonies traditionnelles, telles que la sundance. « C'est une cérémonie que j'admire beaucoup et je suis aussi un sundancer. J'essaie de représenter ce que je vois, ce que j'entends, de mon point de vue », explique monsieur Polson. Tout ce qu'il illustre, il le fait à l'aide de teintes audacieuses. « J'utilise des couleurs vives parce que je pense que les couleurs ont le pouvoir d'influencer l'émotion de ceux qui regardent la peinture. On se sent bien après ça. »

Un artiste multidisciplinaire

Il affectionne particulièrement la peinture à l'acrylique, mais plusieurs médiums l'intéressent. L'artiste sculpte dans le bois, dans la pierre à savon, dans les panaches, pratique le perlage et façonne l'argile. Le plaisir de s'adonner à plusieurs formes d'art lui provient de l'homme qui l'a élevé. « Je pense que je retiens cela de mon père. Je suis allé à l'école, oui, et j'y ai appris beaucoup, mais en même temps, j'ai énormément appris de lui », remarque-t-il. Toujours dans le domaine de l'art, Sky Polson aime aussi faire des tatouages.

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Un ours sculpté dans la pierre à savon et poli naturellement, sans vernis, pour préserver l'authenticité.

Son père, un exemple qu'il suit

Témoin de la résilience et du courage de son père, Sky Polson a grandement été inspiré à suivre l'exemple de Frank Polson. « Mon père a été une grande influence pour moi en matière d'art. Je trouve cela inspirant qu'il parle de notre culture dans son travail artistique », dit-il. Le fils considère son père comme un survivant, compte tenu des obstacles qu'il a franchis au courant de sa vie, dont les pensionnats. Le duo compte à son actif quelques expositions en tandem et c'est d'ailleurs à côté des œuvres de son père qu'il a affiché pour la première fois son travail dans un musée. Bien que Sky Polson ait été influencé par son paternel, il considère que leurs styles sont bien distinctifs. Les deux s'inspirent toutefois du style Woodland, un design propre aux artistes autochtones qui vise à illustrer la relation entre les humains, les animaux, la nature et tout ce qui les entoure.

L'authenticité avant tout

Les animaux et les humains composent la grande majorité de ses œuvres. Sa mission : créer de l'art authentique et représenter le plus fidèlement possible la culture et les traditions des Premières Nations. En plus des toiles, l'artiste a sculpté dans le bois un lutrin symbolisant la culture autochtone, utilisé dans sa communauté lors des remises de diplômes. Toujours à Winneway, une murale colorée évoquant des traditions autochtones orne un mur de la salle d'attente du centre de santé de Long Point First Nation.

Persévérance

Le tempérament ambitieux de Sky Polson l'a amené à se retrouver sur les bancs d'école à plusieurs reprises. Dans la mi-quarantaine, il est en voie d'obtenir un diplôme pour devenir travailleur social. À l'adolescence, son père l'a inscrit dans une école artistique à Toronto. Un peu plus tard, le directeur d'une prestigieuse école d'art à Ottawa l'a remarqué et lui a grand ouvert les portes de son établissement. Les années ont passé et l'artiste s'est tourné vers un programme de design graphique, puis il est entré à l'université. L'homme confesse avoir connu plusieurs embûches sur son chemin, mais il se dit fier d'avoir su se relever. « Je regarde en arrière et je me dis que si je n'avais pas peint, je ne serais pas rendu là où je suis ». Sky Polson a grandi à Winneway, dans la communauté de Long Point. Il s'est promené beaucoup depuis et maintenant il s'est établi avec sa femme et ses enfants à Maniwaki.

Créations en cours

Deux projets artistiques occupent Sky Polson. Il travaille sur une peinture illustrant les dommages qu'occasionne la pandémie. « Ça représente toutes les personnes qui sont décédées et tous ceux qui luttent contre la crise à travers toutes les cultures ». Également, l'artiste a été sollicité par l'organisme de promotion de l'art anichinabé Minwashin, où il va créer une illustration pour leur futur site Web. Entre les études, la création artistique et la vie de famille, le quotidien de monsieur Polson est rythmé et c'est ainsi qu'il se sent bien.

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Deux lynx, représentant le clan de l'artiste, une tortue, un loup et un doré sont illustrés. Les cercles évoquent la spiritualité.

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