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Le jour où j’ai failli manquer Manon Réhaume

3 novembre 2020

par : Luc Gélinas

Luc Gélinas est journaliste sportif à RDS et couvre les activités liées aux Canadiens de Montréal depuis 1992. Il a aussi signé plusieurs livres à succès au cours des dernières années, dont Steve Bégin : ténacité, courage, leadership ainsi que les séries jeunesse C’est la faute à… (Hurtubise) et L’étonnante saison des Pumas (Éditions Z’ailées).

Résidant en banlieue de Montréal, je me retrouve en zone rouge et mes activités sociales sont nulles. Je ne vois pas plus les membres de ma famille ou mes collègues de travail. Il ne faut pas me prendre en pitié! Mon cas n’a rien d’anormal pour 2020 et nous sommes des millions sur la planète à pratiquement vivre comme des ermites. Je ne sais pas pour vous, mais le contact humain me manque beaucoup. Quand je sors à l’épicerie et qu’un commis fait l’erreur de me demander comment ça va, je l’accapare une quinzaine de minutes pour lui parler! T’es pas le fils de Denis toi? Pis tes études, fais-tu ça à distance? As-tu fait poser tes pneus d’hiver? Tu penses quoi du réchauffement climatique? C’est pas des farces, ça doit faire six mois que ma femme ne m’a pas reproché de ne pas avoir d’écoute.

Tout ça me fait réaliser que ce qui me manque le plus de mon travail, c’est le contact humain. Les entraînements, les matchs, les entrevues et les interventions en direct c’est très intéressant mais ça ne bat pas la camaraderie que l’on retrouve dans notre groupe. Et c’est encore plus vrai sur la route. Lorsque le Canadien joue à l’étranger, on arrive toujours une journée avant le match afin d’être prêt très tôt, le matin de la partie. La veille, on partage habituellement le repas entre amis et on rigole un bon coup. En compagnie de Pierre Houde, Marc Denis et des collègues de l’équipe technique, on passe toujours de bons moments et les anecdotes se succèdent sans relâche.

Il y a quelques jours, je me suis justement remémoré mon tout premier voyage pour le travail. Ça se passait en octobre 1992. « On vient d’apprendre que Manon Rhéaume va goaler demain à Atlanta. Si t’as un passeport, tu pars sur le premier vol demain avec un caméraman », m’avait lancé le patron de l’époque. Je me souviens encore à quel point j’étais fier. Elle allait devenir la toute première femme à disputer un match professionnel en saison régulière. Ça allait marquer l’histoire du hockey et moi j’allais vivre ça en personne… mais on a failli rater ce moment historique.

Paul Buisson et moi sommes arrivés plus tard que prévu en raison d’un long retard au décollage. Puis, une fois à Atlanta, mon ami caméraman a réalisé qu’une pièce essentielle au bon fonctionnement de sa caméra avait été brisée lors du transport. Jeunes et sans expérience, nous étions complètement paniqués. On a réussi à trouver le morceau défectueux dans une station de télé et nous sommes arrivés dans le stationnement de l’aréna à la dernière minute. Paul a couru pendant que j’allais garer la voiture et lorsqu’il a appuyé sur record, l’annonceur maison a présenté Manon Rhéaume à la foule.

Vous devinez qu’il a fallu attendre la venue des Trashers dans la LNH pour que je sois en mesure de répondre à la question « Pis c’est tu beau Atlanta?  »

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