— PUBLICITÉ—

Mahingan Sagahigan Health and Wellness Centre | Mission : unir Wolf Lake

20 novembre 2020

par : Bianca Sickini-Joly | Journaliste de l'Initiative de journalisme local

photo : Journée nationale des Peuples autochtones 2019 | Crédit photo : Keith Benard

Les membres de la communauté autochtone Wolf Lake sont une centaine à habiter au sud du Témiscamingue et à North Bay, et environ 140 vivent ailleurs au Canada. S'ils sont aussi dispersés, c'est parce qu'ils n'ont pas de territoire attribué, bien que Wolf Lake soit reconnu en tant que Première Nation. Pour pallier ce manque, le centre de santé et de bien-être Mahingan Sagahigan (Wolf Lake en langue algonquine) situé à Témiscaming se propose comme l'élément rassembleur de la communauté. En offrant des services touchant aux domaines de la santé, de la culture et du sport, l'équipe veille à ce que les 240 membres anichinabés et leur famille immédiate soient bien servis.

Un centre tout-en-un

« On donne des soins qui sont culturellement adaptés, c'est-à-dire que chacun d’eux est axé sur la culture, qui est au centre de tout. On intègre le mental, le spirituel, le physique et l'émotionnel », explique Jessie Bond, gérante de programme au centre et infirmière. Native de Témiscaming et membre de Wolf Lake First Nation, elle a joint le centre Mahingan Sagahigan il y a trois ans afin de retrouver ses origines et redonner à sa communauté. Lorsqu'elle a débuté au centre, celui-ci était établi déjà depuis quelques années, mais l'offre de service se limitait à la santé et au transport médical. Maintenant, en plus de ces services, des activités culturelles sont organisées, des guérisseurs traditionnels sont invités, de l'aide alimentaire est distribuée à une soixantaine de famille et un accès à des entraînements physiques est offert. En santé, le centre fait de la prévention et accompagne ses membres dans leurs défis en santé mentale, dépendances et tabagisme. Une psychologue native de Timiskaming First Nation voit des patients deux fois par mois et une hygiéniste dentaire sera aussi prochainement disponible.

Wolf Lake 2_web.jpg

Winter Family Day | Journée familiale hivernale

La culture, pandémie ou non

À la fin de l'été, les membres de la communauté avaient droit à une série de sept ateliers virtuels sur une variété de pratiques traditionnelles. La pêche, la cuisine, la cueillette de baie et la fabrication de paniers ne sont que quelques exemples. Pour tous les ateliers nécessitant du matériel, le centre Mahingan Sagahigan avait tout prévu : des boîtes contenant le nécessaire étaient distribuées aux gens de la région et d'autres étaient envoyées par la poste pour ceux habitant à l'extérieur. « C'était notre moyen de livrer notre programmation malgré la pandémie », souligne Jessie Bond. Elle a aussi constaté avec joie que la livraison des ateliers « en boîte » permettait aux membres de Wolf Lake ailleurs au Canada de s'intégrer plus facilement que lorsque les cours se donnaient en personne.

Un endroit juste pour eux

Près d'un an d'efforts plus tard, l'un des projets les plus marquants pour madame Bond verra le jour prochainement : l'inauguration d'un healing lodge (pavillon de ressourcement) et d'un site culturel sur une terre près de la ZEC de Kipawa. Ce sera l'endroit idéal pour que les membres de la communauté puissent finalement se rassembler et tisser des liens intergénérationnels. « Ce qu'on veut, c'est ramener le monde sur le territoire. On pense que cette connexion est super importante pour la guérison de la communauté. On veut aussi commencer à montrer à nos enfants des choses qui ont été perdues justement parce que Wolf Lake n'a pas de réserve et que nous sommes dispersés. Beaucoup de savoirs traditionnels et de cérémonies ont été oubliés parce que nous n'avons pas eu la chance d'avoir cette transmission de savoir », estime la gérante de programme. Par exemple, l'équipe souhaite offrir de l'enseignement de pêche sur glace et de fabrication de raquettes traditionnelles pour l'hiver à venir. Les échanges entre les jeunes et les aînés de la communauté pourront aussi se faire plus naturellement à ce lieu. Le pavillon sera en quelque sorte un cercle de partage. Une travailleuse sociale sera sur place si des dialogues sont plus difficiles pour certains. « C'est comme avoir une approche traditionnelle et d'ajouter un peu de moderne en même temps », constate Jessie Bond.

Wolf Lake 4_web.jpg

La cuisson du bannock sur le feu | Journée nationale des Peuples autochtones 2019

Un statut particulier

Bien que les réserves autochtones soient controversées, madame Bond considère qu'obtenir un territoire officiel serait bénéfique pour la Première Nation de Wolf Lake. L'accès au financement de soins de santé adaptés à la réalité autochtone serait plus simple et la vie culturelle serait enrichie si les membres étaient tous réunis. La Nation est toujours en processus de revendication particulière de territoire (négociation) avec le gouvernement fédéral.

À venir

Récemment, le Mahingan Sagahigan Health and Wellness Centre inaugurait une petite bibliothèque dans ses locaux où des auteurs autochtones garnissent les étagères. Une première planification stratégique est en route et des ressources culturellement adaptées pour contrer l'intimidation dans les écoles sont en développement. Plusieurs projets sont sur la table pour 2021 et viendront donc s'ajouter à l'éventail de services offerts pour la communauté.

Wolf Lake 1_web.jpg

Julia Wabie et Jessie Bond | Journée nationale des Peuples autochtones 2019

Articles suggérés