Minwashin est fière d’annoncer que son président, Richard Kistabish, a été nommé sur le Groupe de travail mondial pour une Décennie d’action pour les langues autochtones (IDIL 2022-2032). Le groupe de travail, mis en place par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) agira à titre de mécanisme de gouvernance dans l’organisation de l’IDIL 2022-2032.
Rappelons qu’en 2019, alors que l’Année internationale des langues autochtones tirait à sa fin, l’Organisation des Nations Unies proclamait 2022-2032, Décennie internationale des langues autochtones, « en vue d’appeler l’attention sur la catastrophe que représente la disparition des langues autochtones ».
Monsieur Kistabish, qui a l’atout d’être trilingue, sera l’un des trois représentants de l’Amérique du Nord à siéger à ce comité. Il a été désigné par ses pairs, des individus ou des organisations autochtones, du Canada et des États-Unis. Il siégera tour à tour, suivant un cycle triennal, au comité directeur, qui fournira les orientations et sur le groupe consultatif auprès de ce comité directeur pour contribuer à ses travaux par des recommandations. « Mon rôle n’en sera pas un politique, je siégerai sur ce comité comme humain, comme Anicinabe. Je veux être authentique. J’irai témoigner ce que j’ai vécu, ce que nous avons vécu, démontrer l’étendue des dommages, je partagerai ma réflexion quant à ce qu’il faut faire maintenant pour rétablir, revitaliser notre langue, celle qui nous définit », explique monsieur Kistabish.
Richard Kistabish est un Anicinabe de la Première nation Abitibiwinni. Il a tour à tour œuvré dans des organisations communautaires, politiques et culturelles. Il a entre autres été chef de la Première nation Abitibiwinni, puis Grand chef du Conseil algonquin du Québec. Il a été président de la Fondation autochtone de l’espoir pendant 19 ans et il est maintenant président et co-fondateur de Minwashin. Il s’est voué à faire reconnaître l’histoire des pensionnats et s’est engagé à la juste reconnaissance de sa nation.
Depuis quelques années, son regard est tourné vers l’avenir de la langue anicinabe : l’anicinabemowin. La transmission aux générations futures est désormais au cœur de ses préoccupations. « Notre langue est le cœur et l’âme de notre culture, car elle permet de communiquer entre nous, de perpétuer nos concepts, notre vision du monde, de façon holistique tout en respectant l’unicité et les caractéristiques propres à nos communautés respectives. La langue nous unit et nous rassemble », ajoute monsieur Kistabish.
Avec l’organisme Minwashin, il a créé un événement annuel rassembleur, Miaja, un rassemblement de toutes les communautés anicinabek du Québec et des experts des autres nations autour de la revitalisation, de la valorisation et de la transmission du patrimoine, des arts et de la culture anicinabe. En 2019, ce rassemblement portait sur la langue et était le point culminant de toute une série d’actions visant à souligner l’Année internationale des langues autochtones et à sonner l’alarme quant à l’urgence d’agir pour la survie de l’anicinabemowin : enregistrements audio et vidéo des aînés monolingues du territoire, soutien aux radios communautaires, trousses pédagogiques comprenant des étiquettes facilitant l’apprentissage de mots, etc.
La nomination de Richard Kistabish au Groupe de travail mondial est non seulement significative pour lui, elle l’est aussi pour Minwashin et toute la nation Anicinabe. Son président étant au cœur de la réflexion, l’organisme sera à même de concrétiser les actions de l’IDIL 2022-2032 localement, au sein même de la nation, afin de poursuivre les efforts visant à protéger et à revitaliser l’anicinabemowin. Cette nomination symbolise en quelque sorte la résilience et l’affirmation de la nation Anicinabe qui n’entend plus être considérée comme « le peuple invisible ».