Luc Gélinas est journaliste sportif à RDS et couvre les activités liées aux Canadiens de Montréal depuis 1992. Il a aussi signé plusieurs livres à succès au cours des dernières années, dont Steve Bégin : ténacité, courage, leadership ainsi que les séries jeunesse C’est la faute à… (Hurtubise) et L’étonnante saison des Pumas (Éditions Z’ailées).
Le jeudi 28 janvier dernier, j’ai assisté à une partie de hockey au Centre Bell pour la première fois en près d’un an. Une bénédiction pour mon moral car pour quelques heures, j’ai retrouvé une certaine normalité. Mais c’est impossible d’oublier que nous sommes toujours frappés par cette fichue pandémie.
L’organisation du Canadien a mis le paquet pour berner notre subconscient. Comme à l’habitude, à l’heure à laquelle ouvrent normalement les portent du building, l’organiste Diane Bibeau a commencé à jouer. Puis le disc-jockey a pris la relève pendant la période d’échauffement avant que la voix grave de mon ami Michel Lacroix vienne l’interrompre. On voulait y croire! Mais ça demeure malgré tout très étrange. Les bruits de foule enregistrés, ça transporte peut-être un peu d’illusion à la maison mais, sur place, on a la vague impression d’assister à un enregistrement d’un vieux soap américain.
Et il y a toutes ces mesures sanitaires très strictes. Je ne veux pas me plaindre. Pas du tout. Même que ça fait mon affaire car, s’il y a un endroit au Québec où je sais que ne n’attraperai pas la Covid-19, c’est bien au Centre Bell. Les personnes qui ont le privilège de pouvoir entrer dans l’édifice doivent se soumettre à de rigoureuses règles. Maximum deux heures avant notre entrée, il faut répondre à un questionnaire de santé via une application privée. Si on montre pattes blanches, il faut quand même prendre notre température avant de franchir le détecteur de métal pour accéder à l’intérieur. Équipé d’un masque et d’une visière, on se dirige ensuite à notre siège… ou le studio de RDS, dans mon cas. Une fois bien assis, les déplacements sont interdits. Sur une galerie de presse qui peut contenir environ 350 personnes, on ne dénombre qu’une trentaine de journalistes.
Les fumeurs doivent trouver leurs soirées longues car si on sort du Centre Bell, c’est interdit de revenir dans l’amphithéâtre. Évidemment, on oublie aussi les rassemblements dans la salle de presse où l’on peut se gaver de délicieux hot-dogs aux entractes! Après la rencontre, même en étant sur place, les entrevues se déroulent via une visioconférence et une heure après les derniers mots de Claude Julien, il faut avoir quitté la place. En plus, il faut ajouter que les joueurs, les entraîneurs et les membres du personnel sont testés à chaque jour et qu’ils vivent pratiquement dans une bulle.
Le père de famille que je suis et qui a parcouru les arénas de Lanaudière avec ses jeunes comprend le désarroi des parents qui n’ont pas accepté la décision du gouvernement d’avoir donné la permission au Canadien de jouer des matchs alors que c’est interdit pour le hockey mineur. Que ça soit à Ville-Marie ou Repentigny, il faut être honnête et avouer qu’il n’y a pas un seul aréna dans la province qui peut rencontrer ces standards.
