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Il était une fois, dans le Témis de jadis… Un sport disparu

25 février 2021

par : Dominique Roy

photo : Courtoisie France Guimond

Cette chronique présente un sport féminin qui a connu ses heures de gloire au Témiscamingue dans les années 1980-1990 : la ringuette.

À Saint-Bruno-de-Guigues, le club de ringuette a été fondé à l’hiver 1985-1986 par Fleur-Ange Rivard, épaulée par son mari, Guy Paquin. À cette époque, l’offre de sports d’équipe pour les filles était quasi inexistante. Madame Rivard, Flo pour les intimes, croyait qu’il y avait là un réel besoin, ayant elle-même deux filles. « J’ai décidé de lancer l’invitation aux filles de l’école Rivière-des-Quinze et, à ma grande surprise, nous en avons recruté de Notre-Dame-du-Nord, St-Eugène, Guigues et Laverlochère. Notre dévoué gérant d’aréna, monsieur Richard Jacques, nous trouva des heures de glace pour nos pratiques et même toute une fin de semaine pour notre tournoi annuel. »

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Ville-Marie aussi avait son équipe, sous la direction de Florianne Vachon. Les rivales du Témiscamingue s’affrontaient chaque fin de semaine. De plus, les filles se déplaçaient en Abitibi et dans le nord de l’Ontario pour participer aux tournois, plus précisément à La Sarre, Palmarolle, Sainte-Germaine-Boulé, Timmins et Kirkland Lake.

Fleur-Ange Rivard est reconnaissance envers les gens qui ont gravité autour du club de ringuette de St-Bruno-de-Guigues, dont les bénévoles, les entraîneurs et les arbitres qui étaient fidèles au poste. Elle se souvient aussi de moments bien précis. « Nous sommes allés à Montréal lors d’un tournoi et monsieur Serge Savard était le président d’honneur de l’événement. Nous avons même participé aux jeux d’hiver à la Baie James. » Le livre du centenaire de St-Bruno-de-Guigues raconte des anecdotes croustillantes sur certaines sorties liées aux tournois de ringuette.

« Lors d’une partie disputée à Kirkland Lake, Conrad Charrette se fâche tellement que l’arbitre lui ordonne de se retirer du banc, laissant Guy Paquin dit « Jean-Marie » se débrouiller tout seul. »

« Que penser de notre chef pompier Réjean Landry lors du tournoi à Granby : son sommeil était si profond qu’il ne s’éveilla point au signal de l’alarme à feu, alors que toute l’équipe évacuait l’hôtel. »

« Guy Paquin fut tellement impoli avec les arbitres de la Fédération lors d’un certain tournoi à La Sarre que CKVM s’empara de la nouvelle. » Il semblerait que le morning man de CKVM, Yves Bertrand, téléphona à monsieur Paquin, très tôt le lundi matin, en se faisant passer pour le président de la Fédération de la ringuette du Québec afin de lui jouer un tour. C’était l’époque des Insolences d’un téléphone.

Courtoisie Guy Paquin

Un sport marquant

Rachelle Lambert a joué pour l’équipe de Guigues de 1988 à 1991, alors qu’elle était adolescente. Sa position : ailier gauche. Passionnée par ce sport, elle aimait la compétition, l’esprit d’équipe, le sentiment d’appartenance et le dépassement de soi. Pour elle, les filles de Ville-Marie étaient de redoutables adversaires. « Non seulement elles étaient plus fortes que nous, mais nous étions des amies, aussi, pour la plupart. Donc, l’orgueil en mangeait un coup. » Lors des tournois, les parents pouvaient assister aux matchs, mais l’équipe, elle, s’y rendait en autobus. « Une fois là-bas, on était hébergées, soit par des familles dont les enfants jouaient ou juste des familles qui donnaient leur nom pour nous héberger. » Tout était gratuit. Il n’y avait pas de chambres d’hôtel ni de restaurants à payer, puisque l’accueil dans les familles incluait bien souvent les repas. Parmi ses nombreux souvenirs, elle raconte celui d’un tournoi à l’extérieur de la région. « À ma dernière année, les coachs de Ville-Marie et de Guigues avaient décidé de monter un club avec les meilleures filles des deux équipes pour faire un tournoi à Pointe-Claire, et on a bien failli remporter ce tournoi. On était à un cheveu de l’avoir. »

France Guimond a joué à la ringuette pendant sept ans, soit de 1987 à 1993. Lors de ses premières années, son père, Renald Guimond, était son entraîneur. La joueuse de centre a aussi porté le titre de capitaine. « Moi, ce qui me passionnait dans ce sport-là, c’était surtout le sport d’équipe féminin qui pouvait nous rassembler. En fait, à l’adolescence, on vivait beaucoup de choses intenses, et ça nous permettait d'évacuer cette surcharge-là. On pouvait vivre un esprit d’équipe, un sentiment d’appartenance et c’était très enrichissant. On faisait plein d’expériences nouvelles. On vivait ça en équipe et ça m’a permis de me développer et de me construire. » Les tournois à l’extérieur de la région sont des moments dont elle garde de bons souvenirs. « Pour une fille de 14-15 ans, qui s’en va à Montréal, je trouvais ça tellement intéressant et ça nous permettait de découvrir plein de choses, de sortir du Témiscamingue. Il y a plus de trente ans, c’était une expérience hors du commun et je me trouvais privilégiée. » Elle se rappelle aussi avoir participé aux Jeux du Québec, notamment à Joutel, village minier aujourd’hui disparu. Aujourd’hui, madame Guimond habite dans la région de Montréal et sa passion, elle l’a transmise à ses filles.

Courtoisie - Nancy Cardinal

Chantal Gauthier a aussi joué pour l’équipe de St-Bruno-de-Guigues. À la défensive, elle portait fièrement le numéro 12. « On avait un esprit d’équipe du tonnerre, un coach dévoué et des parents qui nous soutenaient et nous encourageaient. On jouait pour gagner, et surtout, on avait du fun. Ce sont de méchantes belles années. Je les revivrais n’importe quand. »

Faits intéressants

La ringuette est un sport canadien. Il fut inventé, en 1963, tout près de chez nous, soit par Sam Jacks, directeur des loisirs de la région de North Bay. Bien que le sport soit disparu au Témiscamingue, celui-ci demeure toujours très populaire à l’international tout comme au Canada. À l’hiver 2019-2020, ce sont 32 333 jeunes Canadiennes qui étaient inscrites à ce sport.

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