Le Témiscamingue est riche de son histoire et de ses pionnières. Des femmes, que l’on qualifierait aujourd’hui de superwomen, ont contribué à la création, à la vitalité et à l’essor de la région. Aujourd’hui, même si elles ne sont plus de ce monde, leurs accomplissements méritent d’être soulignés. Voici donc le portrait de trois de ces femmes qui ont laissé une marque indélébile dans l’histoire du Témiscamingue.
Marie Tétreault Paradis
C’est en 2010 que s’est éteinte madame Tétreault Paradis, âgée de 98 ans. Il s’agit là d’un repos bien mérité pour cette femme qui a donné naissance à 20 enfants, dont un couple de jumelles qui est décédé à la naissance. Née en 1911 à Laverlochère, c’est d’abord auprès de sa mère que Marie fait ses études étant donné la distance qui la sépare de l’école du village. Très jeune, elle étudie aussi la musique au Couvent des Sœurs à Lorrainville. Elle s’y rend seule, attelant son cheval, beau temps mauvais temps. Dès l’âge de 12 ans, elle devient organiste à l’église de Laverlochère, une implication paroissiale assez exigeante pour une jeune adolescente et pour laquelle elle se dévoue pendant de nombreuses années. Le mariage et ses dix-huit enfants ne l’arrêtent pas. Elle assume sa fonction d’organiste tout en s’adonnant à l’artisanat : couture, tissage, tricot, etc. Elle conjugue habilement famille nombreuse et implication sociale. Organiste à 12 ans… 18 enfants… Voilà une Témiscamienne au vécu hors de l’ordinaire!
Source : Livre du centenaire de Laverlochère
Thérèse Laverdière Beauregard
Au Québec, l’intégration des femmes dans les métiers traditionnellement masculins est maintenant chose courante, mais pour en arriver à ce changement d’attitudes, de tendances et de valeurs, des femmes, fortes et déterminées, ont contribué à paver cette voie. Béarn peut se vanter d’avoir dans ses rangs une de ces battantes. En 1967, Thérèse Laverdière Beauregard, veuve et mère de 12 enfants, avait besoin d’un travail pour subvenir aux besoins de sa famille. Elle décida donc de suivre quelques formations à l’école des adultes contre rémunération. Ensuite, elle s’inscrivit à une formation en soudure. Son inscription fut refusée. Ne reculant devant rien, elle communiqua avec le député crédiste de l’époque, monsieur Réal Caouette, qui fit les démarches nécessaires. Résultat concluant : elle put suivre sa formation. Par la suite, voulant travailler l’été, elle fut tentée par le métier de signaleur pour la voirie. Sa demande d’emploi fut refusée. Monsieur Réal Caouette, sollicité de nouveau, réussit une fois de plus à faire admettre cette femme dans un monde autrefois réservé exclusivement aux hommes. C’est grâce à la volonté de femmes comme Thérèse Laverdière Beauregard que les portes se sont ouvertes, que les formations et les métiers sont devenus de moins en moins genrés.
Source : Livre du centenaire de Béarn
Hélène Gaudet Lessard
Née en 1929 et décédée en 2019, Hélène Gaudet Lessard fait partie de ces Témiscamiennes dont le nom est gravé à tout jamais dans l’histoire de la région en raison de ses nombreuses occupations : carrière florissante dans le domaine de l’éducation comme enseignante, directrice, chargée de cours et conseillère pédagogique, professeure de chant, de musique et de couture, propriétaire de deux magasins de textiles et de couture, pigiste pour Le Témiscamien, Le Reflet et La Frontière, auteure, lectrice d’épreuve, etc. À travers toutes ses obligatoires professionnelles, ses implications furent très nombreuses : Jeunesses Musicales du Canada, Orchestre symphonique régional, Chœurs du Témiscamingue, Filles d’Isabelle, Société d’Histoire du Témiscamingue, Jeunes Voyageurs, Corporation Augustin-Chénier, Rift, Association des parents d’enfants handicapés, Société nationale des Québécois de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec ne sont que quelques exemples d’organisations dans lesquelles elle s’est impliquée. C’est aussi une femme qui a cumulé plusieurs diplômes à une époque où la femme commençait tout juste à prendre sa place sur les bancs des institutions d’études supérieures : diplôme d’enseignement à l’élémentaire (École normale de Ville-Marie), diplôme supérieur en musique (Université Laval de Québec), brevet de classe « A » en enseignement (Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue), baccalauréat en pédagogie (Université du Québec), baccalauréat spécialisé en enseignement du français au secondaire (Université du Québec), certificat pour l’enseignement de l’anglais langue seconde au secondaire (Université McGill). Bien sûr, le parcours d’Hélène Gaudet Lessard n’est pas passé inaperçu et cette femme aux mille et un talents a reçu plusieurs distinctions : présidences d’honneur, hommages, prix et mentions d’honneur.
Source : Monique Lessard