Danika Bélanger, originaire de New Liskeard, a planté ses premiers arbres alors qu’elle étudiait en zoologie à l’Université de Guelph, un emploi d’été qui lui a permis d’obtenir son diplôme sans s’endetter. De ce métier atypique pour les femmes, elle en est tombée amoureuse dès le premier instant, et depuis, cette passion pour le tree planting ne l’a jamais quittée. Aujourd’hui, à 26 ans, c’est dans l’Ouest canadien qu’elle pratique ce métier qui la fait tant vibrer.
Un intérêt pour l’environnement
À la fin de ses études secondaires, Danika a quitté sa ville pour étudier à Guelph en biologie animale. Après un semestre, elle a bifurqué vers la zoologie. « En biologie animale, on étudie plus les animaux domestiques. Moi, c’est la nature qui m’intéresse. La zoologie, c’était plus pour moi parce qu’on étudie les différentes espèces d’animaux, leur évolution, leur physiologie, mais il y a aussi de l’écologie, l’environnement qui entoure les animaux. » Pendant ses études universitaires, elle a participé à un échange étudiant de cinq mois en Angleterre, une occasion d’étudier et de disséquer des espèces animales autres que celles de la forêt boréale. « J’ai fait beaucoup de biologie marine en Angleterre. »
Son incursion dans l’univers de la plantation
Adolescente, Danika était sauveteuse à la piscine de New Liskeard où elle a rencontré des planteurs qui venaient nager de temps en temps. « Pour une raison ou une autre, ça m’intéressait. J’avais du respect pour leur travail. » À l’Université de Guelph, elle a fait la connaissance d’étudiants qui plantaient des arbres pendant l’été pour payer leurs études. Elle s’y est lancée. L’aventure fut marquante. Ses études sont terminées depuis quatre ans, mais la plantation d’arbres fait encore partie de son quotidien.
De l’Ontario à l’Ouest canadien
Au début, elle plantait en Ontario; ensuite, en Alberta; et à l’été 2021, ce sera en Colombie-Britannique. Dans ce domaine, la Franco-Ontarienne préfère de loin l’Ouest canadien qui privilégie davantage une plantation de qualité plutôt que de quantité. « Si tu veux planter beaucoup d’arbres, c’est pour les compagnies forestières du Québec ou de l’Ontario qu’il faut travailler. Si tu te soucies plus de la qualité de la plantation, c’est dans l’Ouest qu’il faut aller. Le challenge de bien planter, c’est plus mon style. » En termes de chiffres, elle mentionne qu’un employé peut planter entre 2000 et 5000 arbres par jour en Ontario, comparativement à 2000 jusqu’à 3500 arbres par jour en Alberta. Le salaire est aussi différent : environ 0,09 $ par arbre en Ontario et environ 0,14 $ de l’arbre en Alberta. Elle parle aussi du personnel qui est beaucoup plus stable. « En Ontario, les planteurs font ça environ deux ans, comme emploi alternatif. Dans l’Ouest, les compagnies gardent leurs employés beaucoup plus longtemps. Il y en a qui font ça depuis dix ans. »
Un mode de vie atypique
Comme étudiante, Danika Bélanger passait les trois mois d’été dans une tente de toile à dormir sur un matelas au sol. Aujourd’hui, elle dit vivre de façon beaucoup plus confortable. « J’ai acheté mon camion et un campeur que j’ai tout rénové. Je dors dans un vrai lit, dit-elle en riant. » L’hiver, son campeur est entreposé en Alberta. Donc, tout ce qu’elle possède et dont elle a besoin au quotidien entre dans son camion. C’est pour un mode de vie minimaliste qu’elle a opté.
La vie en communauté est un aspect qu’elle apprécie plus que tout. Pendant les mois de plantation, une soixantaine de personnes sont réunies sur un même site. « Au début de la saison, on monte de grandes tentes dans lesquelles on mange et on se rassemble. Ça crée des connexions. On apprend à connaître les gens comme jamais. » Fait intéressant : l’an dernier, ce sont 7,2 millions d’arbres qui ont été plantés par l’ensemble de ce groupe qui travaille pour Brinkman Reforestation Ltd.
Au fil des étés, les responsabilités de Danika ont aussi changé. Aujourd’hui, elle est chef d’équipe, une crew boss dans le jargon du milieu. « Avec moi, on est six dans mon équipe, plus mon chien Makwa qui est avec nous tout le temps. » La jeune femme pourrait se contenter des responsabilités liées à la gestion de son équipe, mais elle ne peut imaginer son été sans planter, ce qui fait en sorte qu’elle travaille 12 à 13 heures par jour. « Chaque soir, je remplis mon camion d’arbres pour préparer ma journée du lendemain. Le matin, les planteurs entrent dans le camion. Je les conduis au bloc, je leur montre la map pour leur expliquer les zones de plantation et la façon dont on doit procéder et je plante ensuite avec eux toute la journée. » Elle est aussi responsable de la santé et de la sécurité au travail pour l’ensemble des travailleurs du camp.
Bien sûr, ce mode de vie en est aussi un de défis. Elle compose avec les différents préjugés. « Souvent, les gens pensent qu’on est des hippies qui marchent nus pieds et qui mangent juste granola. On entend aussi que l’alcool, la drogue et le sexe font partie de la vie de camp, ce qui n’est vraiment pas la réalité. Oui, il y en a, comme dans la société en général, mais ça ne définit vraiment pas le planting. C’est aussi un univers d’hommes, environ 70 %. Souvent, je me sens comme si je devais faire dix fois plus de travail parfait pour être reconnue autant que le gars à côté de moi qui est nouveau. C’est une des choses qui doivent changer dans l’industrie. »
Un travail de bureau, de 9 à 5, 40 heures par semaine, ce n’est définitivement pas pour Danika Bélanger. « Rien ne peut remplacer la sensation de travailler dur, toute la journée, en étant dans la nature. C’est ce qu’il y a de plus libérateur. »