Au Témiscamingue, le souvenir de grands disparus est gravé à tout jamais dans la mémoire collective. Pour ne pas oublier leurs contributions et leurs accomplissements, leur nom fut attribué à des lieux, des édifices, des rues, etc. Comme ils sont nombreux, nous vous proposons une série de trois articles pour vous présenter le portrait de quelques disparus au nom familier, mais dont le parcours peut être méconnu.
École Gilbert-Théberge
Depuis plusieurs décennies, le nom de Gilbert Théberge est associé à la ville de Témiscaming, notamment en raison de l’école qui porte le nom de cet homme. Dentiste de profession, monsieur Théberge est venu s’installer dans le sud de la région en 1943 pour y pratiquer son métier. Son implication fut colossale puisque l’homme était un citoyen actif au sein de la communauté : président de la Chambre de Commerce, membre fondateur des Chevaliers de Colomb, vice-président de la Société St-Jean-Baptiste, membre fondateur du Club Kinsmen (organisation à but non lucratif faisant la promotion du service, de la fraternité, des valeurs positives et de la fierté nationale), solliciteur pour l’Institut des aveugles et membre de la chorale paroissiale. En 1962, 1966 et 1970, il est élu député libéral à l’Assemblée législative du Québec. Dans le cadre de ses fonctions politiques, il contribue au développement de la municipalité dans plusieurs domaines : réseau routier, services sociaux, Sûreté du Québec, développement forestier et agricole, Société des alcools, etc. Adjoint parlementaire au ministre des Terres et Forêts, son rôle est crucial entre la fermeture du moulin de la Canadian International Paper et sa réouverture par Tembec. Lorsque le temps fut venu de choisir le nom de la nouvelle école qui allait ouvrir ses portes à Témiscaming en 1982-1983, c’est celui de Gilbert Théberge qui a retenu l’attention. La commission scolaire avait d’ailleurs lancé un concours populaire pour obtenir des suggestions. Josée Gauvreau, directrice de l’école, mentionne que l’homme a aussi créé des bourses d’études qui ont été offertes aux élèves, de 1987 à 2018. Gilbert Théberge est décédé le 11 juillet 2000 à l’âge de 85 ans.
Chute à Ovide
À Latulipe, dans le Rang 9, un sentier pédestre et de VTT, appartenant à la municipalité et accessible à tous, permet aux amateurs de plein d’air d’admirer le magnifique paysage offert par la chute à Ovide. L’endroit fut nommé ainsi en l’honneur d’Ovide Beaulieu. Sa famille, originaire de la Mauricie, s’est installée à Latulipe en 1914, alors qu’Ovide n’avait que trois ans. Le jeune garçon grandit en travaillant à la ferme familiale d’abord et dans les chantiers de bûcherons par la suite. À l’âge de 25 ans, il marie Alice Moreau, native de Latulipe, infirmière au Centre hospitalier de Ville-Marie. Le couple s’installe sur le site actuel de la chute pour y construire un moulin à scie et un moulin à bardeaux. Plus tard, Ovide et sa femme déménagent sur une terre à défricher pour y faire l’élevage d’animaux. Monsieur Beaulieu devient aussi contrôleur de la circulation en forêt, au poste de garde-feu, sur le chemin menant au lac des Bois. L’homme est généreux de son temps, s’impliquant comme commissaire et marguillier. Le couple aura 14 enfants, dont quatre décèdent à la naissance. « En effet, le lieu a été nommé en lien avec le propriétaire du moulin à scie. Toutefois, il est possible que cela provienne tout simplement de la sagesse populaire. Nous n’avons pas plus de détails », mentionne Julie Gilbert, directrice générale et secrétaire-trésorière à la municipalité de cantons unis de Latulipe-et-Gaboury. Un panneau d’informations à l’entrée du sentier raconte plus en détail la vie d’Ovide Beaulieu.
Trophées Poncho
Tous les passionnés de stock car qui coursent à la Rigolade de Laverlochère n’ont qu’un seul objectif : remporter le Trophée Poncho de la catégorie dans laquelle ils sont inscrits. Poncho, c’était le surnom de Michel Clément, un homme de Laverlochère décédé tragiquement en motoneige le 14 février 1993. Il avait 35 ans. « Toujours de bonne humeur, sympathique avec tout le monde, Poncho était vraiment un bon vivant. Il participait aux courses depuis son adolescence. Sans être un membre administrateur officiel du comité organisateur, il était toujours autour pour venir aider », se rappelle Jacques Gauthier, membre du comité organisateur de l’événement au milieu des années 1990. Quelques éditions après le décès de Michel Clément, la décision fut prise de rendre hommage à ce joyeux amateur de stock car en associant son surnom à ce trophée tant convoité. Sébastien Fortier, président actuel du comité de la Rigolade, précise que des catégories ont été ajoutées à l’événement, au fil des ans, de sorte que l’on trouve maintenant plus d’un trophée : le Super Poncho, le Poncho, le Mini Poncho et le Micro Poncho.
Les amis de Rémi de la CSLT
Les amis de Rémi de la CSLT (maintenant Centre de services scolaire du Lac-Témiscamingue) est le nom d'une fondation créée en 2013 qui permet la tenue d’activités sportives et culturelles dans les écoles primaires et secondaires du Témiscamingue. Nathalie Simard, directrice de l’école Saint-Gabriel de Ville-Marie, mentionne que tout a commencé avec un programme sport et culture qui existait déjà à l’école de Ville-Marie, mais dont le budget était plutôt restreint. Rémi Gilbert, père d’une élève de l’école et policier à la Sûreté du Québec, avait manifesté son désir de mettre en place un programme permettant aux écoles de la région de vivre des activités comme celles en ville. Les discussions étaient bien amorcées au moment où Rémi Gilbert est décédé subitement en 2012. L’année suivante, le rêve du père de famille voyait le jour et le comité a voulu rendre hommage à l’instigateur du projet en associant son nom à celui de la fondation. Chaque année, ce sont des activités de financement, du bénévolat lors de festivals et des dons d’entreprises et de la communauté qui permettent de renflouer les coffres de la fondation afin d’offrir une belle diversité d’activités aux élèves du CSSLT.