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L’obstétrique en région : La rupture fait réagir!

17 juin 2021

par : Moulay Hicham Mouatadid | Journaliste de l'Initiative de journalisme local

Les ruptures de services en santé, particulièrement en obstétrique, ont fait réagir plusieurs acteurs du milieu, dont la députée de Québec solidaire à Rouyn-Noranda–Témiscamingue, Émilise Lessard-Therrien. « Avec la fermeture de l’obstétrique à l’hôpital de Ville-Marie, les femmes se voient dans l’obligation d’aller accoucher à Rouyn-Noranda. Un accouchement, c’est déjà un moment très stressant sur lequel nous n’avons peu de contrôle. Avec la fermeture, on vient ajouter un stress supplémentaire : dans quelles conditions est-ce que les femmes devront faire le déplacement, en plein travail? Comment la douleur pourra-t-elle être gérée à bord de l’auto? Si le travail devait s’accélérer, qu’est-ce qui va se passer sur la route? », s’interroge-t-elle. « La route est longue, il y a de longs moments où les automobilistes sont isolés, sans réseau cellulaire. Les risques de frapper un animal sauvage sont toujours présents. C’est évident que ça ajoute au stress. »

Donner la vie à proximité

L’unité d’obstétrique à l’hôpital de Ville-Marie est fermée depuis le 29 avril. Cette fermeture nuit beaucoup aux femmes enceintes dans la région. « Certaines femmes ont aussi dû se déplacer du côté de Val-d’Or pour les césariennes électives. Encore une fois, ce n’est vraiment pas idéal de devoir vivre l’arrivée de son bébé si loin de sa maison et du soutien des proches. Val-d’Or, c’est à 240 km de Ville-Marie, faire autant de route avec un bébé tout neuf et une opération toute fraîche est loin d’être idéal. Donner la vie à proximité de son milieu de vie ne devrait pas être une chance, mais un droit », souligne la députée.

Inquiétude

Pour madame Lessard-Therrien, la fermeture de l’obstétrique, c’est aussi beaucoup de soins prénataux – moniteurs de routine, réassurance si perte de liquide ou si bébé bouge moins – qui ne sont plus offerts aux familles. « Moi-même, je me souviens le printemps dernier, avoir éprouvé certaines inquiétudes à la fin de ma grossesse et à deux reprises, j’ai pu aller me faire rassurer par la formidable équipe d’obstétrique à l’hôpital de Ville-Marie. L’absence de ce service peut encore une fois entraîner de l’inquiétude chez les futurs parents et franchement, on ne peut pas s’attendre à ce que toutes les femmes prennent leur auto et conduisent les trois heures de route qui nous séparent de Rouyn-Noranda pour aller se faire rassurer », explique-t-elle.

Un plan d’urgence

Un sérieux engagement du gouvernement est fortement sollicité afin de mettre fin à cette problématique inacceptable, encore plus dans les régions éloignées, dont la mise en place d’un plan d’urgence. « À l’hiver 2019, lors de la fermeture de l’obstétrique à La Sarre, l’hôpital avait pu compter sur une équipe « SWAT » qui venait de grands centres pour prêter main-forte. La situation de la COVID semble se stabiliser dans l’ensemble du Québec, est-ce que ce ne serait pas une solution envisageable à court terme? », se questionne-t-elle.

La situation est critique

La députée de Québec solidaire s’attend à ce qu’on identifie des solutions durables et adaptées à la région et impliquant les autres ministres concernés. « Nous avons besoin d’infirmières, mais pour ça, elles doivent avoir de meilleures conditions de travail, elles doivent pouvoir se loger, envoyer leurs enfants à la garderie, obtenir leur statut d’immigration, etc. Il faut aussi réduire notre dépendance à la main-d’œuvre indépendante pour parvenir à stabiliser les équipes de travail », espère la députée pour régler les ruptures de services en santé, particulièrement en obstétrique. « La situation est critique et les mesures structurantes à mettre en place vont prendre du temps. J’espère que le ministre a finalement saisi la gravité de la situation et que la volonté politique sera là pour mener ce chantier rondement. Parce qu’on n’aurait jamais dû se rendre jusque-là au départ. Depuis 2019, le gouvernement a en main un rapport sur les services d’obstétrique en région et peu de choses ont été faites depuis par le MSSS », a-t-elle précisé.

La situation est préoccupante

« À toutes celles qui sont enceintes en ce moment, je tiens à leur dire que je comprends leurs craintes. Il y a un an, j’étais enceinte de 37 semaines. Mon travail a duré 1h32. Ma fille a eu besoin d’oxygène à la naissance. Si la rupture de service avait eu lieu l’an dernier, j’aurais accouché dans mon auto, sans soutien adéquat pour mon bébé. La situation est hautement préoccupante, c’est la santé et la sécurité des futures mamans et leur nouveau-né qu’on met à risque. Allons-nous attendre un drame pour nous assurer de donner les outils au système de santé pour qu’ils puissent garder nos services de proximité ouverts? », a conclu la députée de Québec solidaire.

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