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Émilise Lessard-Therrien se lance dans la course

6 juin 2023

par : Karen Lachapelle

Dès que Manon Massé a annoncé sa démission de co-porte-parole de Québec Solidaire, le nom de la Témiscamienne Émilise Lessard-Therrien a rapidement circulé à titre de remplaçante potentielle. Après un temps de réflexion, elle a confirmé cette semaine son intention de se lancer dans la course à la succession de madame Massée.

Après sa défaite aux élections provinciales à l’automne dernier, elle était notamment devenue analyste politique sur les ondes de TVA et LNC, emploi qu’elle a perdu dès que les rumeurs ont commencé à circuler. « À partir du moment où mon nom a commencé à circuler et que j’étais en période de réflexion, LCN m'a sorti des ondes, ce qui était logique et normal. » Elle s’est ainsi retrouvée sans emploi du jour au lendemain, ce qui a contribué à accélérer sa réflexion. « Tant qu’à ne plus avoir de job, je me suis dit que je vais achever ma réflexion puis annoncer mes couleurs tout de suite. Les résultats des dernières élections, et non seulement dans la région, n'ont pas été à la hauteur des attentes chez QS. Il y a eu un recul manifeste dans toutes les régions du Québec, par rapport aux élections de 2018. Pour moi, présentement, la CAQ n’est pas une alternative viable pour les régions, notamment avec toute la mégacentralisation qu’elle opère, autant au niveau de la santé qu'au niveau de l'éducation. Nous n’avons même pas de ministre responsable en région, je trouve que ça en dit long. » Madame Lessard-Therrien veut notamment être la voix des milieux ruraux, trop souvent laissés de côté.

« Les égalités sociales ne s'arrêtent pas aux frontières de l'île de Montréal, cela touche aussi les milieux ruraux. La crise climatique, on en subit les conséquences de plein fouet avec les feux de forêt. » Les réalités et enjeux qui sont propres aux régions, elle les connait très bien et pense qu’elle peut les porter à l'intérieur de Québec Solidaire, mais faire aussi atterrir le projet de société de Québec Solidaire dans les régions du Québec. « Pour moi, c'est vraiment un aller-retour. Même si QS, dans les faits, a des membres partout aux quatre coins du Québec, il reste que nous avons besoin de nous reconnaître dans le grand discours. »

Lors de la dernière campagne électorale, QS avait notamment avancé qu’il faudrait taxer les pick-up neufs, ce qui avait créé le mécontentement des gens en milieux ruraux, démontrant un fossé entre le parti et les régions. « Cette taxe-là ne devait pas s'appliquer aux gens des régions. J'avais beaucoup milité pour ça. On a un mode de vie qui nécessite d'avoir parfois de gros véhicules. Ce mode de vie-là, je ne le remets pas en question. C'est d'aller dans le bois, c'est d'aller à la chasse et d'aller à la pêche. Il y a beaucoup de producteurs agricoles qui ont besoin de leur pick-up. Je trouve cela important que les gens continuent de l'habiter la forêt, nos territoires. Oui, il faut lutter contre les changements climatiques, les transports, c'est le plus gros émetteur au Québec. Il faut donner un coup de barre, mais il faut le faire intelligemment parce que si on n’a pas l'adhésion de la population, on n’y arrivera pas. Je sens que l'appétit aussi pour les gens des régions pour faire leur part, pour participer à cet effort collectif, parce que personne ne trouve ça le fun en ce moment de voir notre forêt brûler. »

En ce qui concerne la possibilité d’être co-porte-parole, mais sans être députée, madame Lessard-Therrien y voit un grand avantage, à court terme. « Être extra-parlementaire, c'est beaucoup plus de souplesse et de temps pour être sur le terrain avec les citoyens avec les mouvements sociaux. Québec Solidaire était et est le parti des urnes et de la rue, mais là il faut redonner du sens à c'est quoi être dans la rue. J'ajouterais aussi des rangs… Ça doit être un parti des urnes, de la rue et des rangs. Je trouve cela important aussi d'investir les mouvements sociaux parce que je ressens beaucoup de cynisme dans la population par rapport à la politique et ça me fait peur. Plus les gens se désintéressent de la politique, plus la politique devient concentrée entre les mains d'une poignée de personnes. Puis ce qu'on se rend compte à un moment donné, c'est que c'est l'élite politique, par l'histoire qui nous a démontré, c'est qu'elle est très proche de l'élite économique. Ça fait que des décisions ne sont prises pas nécessairement pour servir le bien commun ou les communautés. »

Pour elle, une course à la chefferie est un processus sain. « Je suis contente qu'il y ait une course à QS, déjà ça démontre le dynamisme qu'il y a au parti. Je crois fondamentalement en la démocratie et donc d'avoir des débats d'idées, cela permet aux gens d'en apprendre davantage. J'ai une excellente collaboration avec mes collègues. On a eu des échanges, on veut que ça se passe bien. On parle souvent de faire de la politique autrement et je pense que c'est ce qu'on veut incarner aussi. »

La campagne pour la co-porte-parole sera officiellement lancée en août pour 13 semaines. Les candidates devront amasser 500 signatures de membres en règle provenant de six régions ainsi que 20 circonscriptions différentes. L’élection aura lieu lors du congrès de QS qui aura lieu du 24 au 26 novembre prochain.

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