— PUBLICITÉ—

Une soirée d’échanges sur les enjeux du projet Ominiki

21 janvier 2025

par : Dominique Roy | Journaliste de l’Initiative de journalisme local

Le 16 janvier dernier, Les Amis de la rivière Kipawa (LARK) et le Conseil régional de l’environnement de l’Abitibi-Témiscamingue (CREAT) conviaient la population témiscamienne au Théâtre du Rift afin d’échanger sur différents enjeux environnementaux et sociaux concernant le projet Onimiki.

Une soixantaine de personnes assistaient à cette présentation sur place alors que d’autres la suivaient en direct grâce à la diffusion web. « Nous avons été agréablement surpris du nombre de personnes dans l'assistance, il est clair que le sujet a intéressé la population », se réjouit Christian Bélisle, vice-président de LARK.

Un retour sur le projet Onimiki

Bianca Bédard (CREAT) et Christian Bélisle (LARK)

Le projet d’Énergie Renouvelable Onimiki consiste en l’aménagement de deux centrales hydroélectriques utilisant les forces hydrauliques du réservoir Kipawa, dont le coût est évalué à 475 M$ par les quatre promoteurs : Kebaowek First Nation, Wolf Lake First Nation, la MRC de Témiscamingue (MRCT) et Pekuakamiulnuatsh Takuhikan (Première Nation des Innus du Lac-Saint-Jean).

La centrale Onimiki Nord, d’une capacité projetée de 60 mégawatts, serait située en bordure du lac Témiscamingue (à environ 30 km au nord de Témiscaming et 15 km au sud-ouest de Laniel), et alimentée par le détournement du deux tiers du débit de la rivière Kipawa. Quant à la centrale Onimiki Sud, d’une capacité de 7 mégawatts, elle serait localisée dans la ville de Témiscaming, en bordure du lac Témiscamingue, et serait alimentée par le ruisseau Gordon. Les travaux commenceraient à l’été 2026 alors que la mise en service serait prévue pour la fin de l’année 2028. Voilà le scénario initial établi. Toutefois, coup de théâtre : deux jours avant la soirée d’échanges tenue au Rift, les promoteurs du projet diffusaient un communiqué de presse pour aviser la population de modifications apportées à celui-ci.

Selon ces dernières informations, la conduite souterraine servant à alimenter en eau la centrale Onimiki Nord, qui devait passer par le parc national d’Opémican, pourrait maintenant le contourner. Un tracé alternatif aurait été développé pour que la conduite de 2,9 km soit située à l’extérieur des limites du parc. Pour la centrale Onimiki Sud, la possibilité de réutiliser l’ancienne centrale Kipawa est à l’étude afin de redonner vie au bâtiment existant tout en mettant en valeur le patrimoine local. Une conduite de 30 mètres de profondeur dans le roc serait également construite entre le barrage Lumsden actuel et la centrale.

Des prises de parole qui font réfléchir

Ce revirement de situation ne semble pas avoir rassuré la population pour autant. Les préoccupations demeurent les mêmes. Plusieurs personnes ont pris la parole pour exprimer leurs inquiétudes. Parmi les interventions, la protection du parc national d’Opémican fut l’une des plus populaires. « La communauté est très attachée et très fière du parc national d'Opémican. [Il] est sans aucun doute un joyau naturel exceptionnel et on doit en préserver l'intégrité écologique […]. La rivière Kipawa est le cœur du parc national d'Opémican et son attrait touristique majeur. Les gens veulent conserver cet acquis difficilement gagné. Les inquiétudes des conséquences environnementales du projet Onimiki Nord sont bien réelles et partagées par pratiquement toute l'assistance présente hier », mentionne M. Bélisle.

De nombreuses autres préoccupations ont été soulevées, notamment les coûts approximatifs et sous-estimés qui ne semblent pas refléter la réalité, l’implication de la MRCT dans un projet aussi coûteux, la viabilité économique à long terme du projet, la dégradation des milieux humides, alors que nous sommes en pleine crise climatique, et celle des zones environnantes, la gestion inconnue de la très grande quantité de roches extraites pour y installer les conduites souterraines, le recrutement de la main-d’œuvre, etc.

D’autres solutions

Les membres de LARK et du CREAT sont d’avis qu’il faut réfléchir à des solutions de rechange avant de détruire un patrimoine collectif que la MRCT avait choisi de protéger avec le parc d’Opémican. « La MRCT n'a définitivement pas assez informé la population sur les enjeux environnementaux et sociaux de ce projet. Certains élus étaient dans la salle hier et ils ne pourront plus nier que la population semble être majoritairement en défaveur de leur projet Onimiki Nord. L'avenir est aux projets énergétiques de moindres impacts sur l'environnement et en respectant les aires protégées déjà en place. » Quelques idées ont d’ailleurs été lancées. Pour les découvrir, il suffit de visionner l’enregistrement de la soirée d’échanges, publié sur la page Facebook du Conseil régional de l’environnement de l’Abitibi-Témiscamingue.

« Notre proposition de réflexion collective et plus responsable devra assurément faire son chemin. […] Nous sommes très contents de la belle participation du public, notre mission pour cet événement est réalisée avec succès », termine Christian Bélisle.

Assistance

Articles suggérés