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Changer ses habitudes en contexte politique et économique incertain

9 avril 2025

par : Dominique Roy | Journaliste de l’Initiative de journalisme local

Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump et le contexte politique et économique incertain dans lequel nous vivons, plusieurs ont procédé, récemment, à des changements dans leurs habitudes quotidiennes. Des Témiscamiennes et des Témiscamiens témoignent de leurs efforts.

Benoit Charlebois, d’Haileybury, nourrit maintenant ses animaux avec des produits canadiens. Pour sa jument, il a substitué le grain américain Buckeye Nutrition pour Hoofman’s Horse Products. Et pour son chien, il a fait de même en remplaçant sa nourriture de marque Purina pour The Great Canadian Dog Food. Il craignait de voir grimper le prix de son sac de façon significative du jour au lendemain. « Honnêtement, je ne vois pas tant de différence de prix. Si oui, ce n’est que quelques dollars, et pour la qualité, j’ai l’impression que la nourriture est plus fraîche et qu’elle a une meilleure odeur naturelle. » Et la bonne nouvelle, c’est qu’il n’a pas eu à magasiner ailleurs puisque les produits achetés maintenant proviennent du même commerce que ceux d’avant.

Carole-Ann Poudrier, de Guérin, a d’abord annulé son abonnement à Amazon Prime. Depuis environ deux ans, elle commandait, chaque semaine, de ce géant américain, de nombreux produits essentiels, entre autres. Depuis, elle opte pour de la marchandise d’ici. Trouve-t-elle ce changement difficile? « Pas vraiment jusqu’à maintenant. » Aussi, elle porte une attention particulière à l’origine des fruits et des légumes qu’elle achète. « Donc, si je veux des framboises, mais qu’elles sont américaines, je vais attendre. »

Les voyages font également partie de ses efforts. « On ne prendra aucune destination aux États-Unis ou même avec une escale aux États-Unis. » Entre autres, elle parle de sa mère et de son beau-père, de Latulipe, des snowbirds qui passent l’hiver dans le sud des États-Unis depuis quelques années. Ces derniers, de retour au Témiscamingue dans les prochains jours, ont pris la décision de ne pas renouveler l’expérience, du moins pour les 4 prochaines années. Ils iront ailleurs. Enfin, Carole-Ann Poudrier se dit même prête à s’abstenir de spectacles qui l’amenaient à traverser la frontière pour y assister, son dernier étant celui de Luke Combs, à Buffalo, en avril 2024.

Le Témiscamien Yan Poudrier devait participer à quelques tournois de poker à Tulsa, en Oklahoma, du 8 au 15 mars dernier, une série organisée par les World Series of Poker. Il avait réservé en novembre, dès la publication officielle de l’horaire. Un mois avant la tenue de l’événement, il a tout annulé. Il ne met pas une croix définitive sur les États-Unis dans le cadre d’autres événements de ce genre, mais les vives tensions du moment lui indiquaient que c’était la meilleure décision à prendre.

Pour Sylvie Quenneville, l’achat local a toujours fait partie de ses valeurs, et l’arrivée de la pandémie est venue accentuer son désir d’encourager les commerces témiscamiens et d’explorer davantage les produits d’ici. « Ça n’a pas été difficile pour Amazon, car je n’ai jamais été abonnée. Nous avons eu Netflix un bout, mais plus maintenant. Je suis consciente que ma consommation n’est pas à 100 % Québec/Canada, mais quand même de mieux en mieux, et j’en suis fière. » Pour ses éventuels voyages, elle privilégiera le Québec et l’Ontario… peut-être même l’Europe. Les États-Unis ne font définitivement pas partie de ses plans.

Enfin, pour Jacinthe Larochelle et son conjoint, André Paquet, c’est toute cette instabilité politique et économique qui les pousse à revenir au Témiscamingue. Partis de la région depuis longtemps, 43 ans pour elle et 39 ans pour lui, les événements des derniers mois ont suscité chez eux une profonde réflexion à la suite de vives émotions ressurgissant du passé. En effet, le 11 septembre 2001, lors des attentats au World Trade Center, les filles de Jacinthe fréquentaient une école privée située non loin du Parlement à Ottawa. À cette époque, le père de ses filles était policier. Tout un plan avait été mis en place advenant le cas d’une attaque au Parlement. « Si le parlement était attaqué, les filles devaient se rendre à un endroit très spécifique où des policiers iraient les chercher. » C’est tout ce stress qui refait surface récemment et qui a convaincu Mme Larochelle de s’éloigner de la ville, elle qui habite à Gatineau. Cet été, le couple sera de retour au Témiscamingue. C’est la campagne qui les attend avec le projet de construire un poulailler, cultiver un jardin et s’autosuffire davantage tout en retrouvant plusieurs membres de leur famille respective.

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