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Protéger les forêts en changeant leur vocation

3 décembre 2021

par : Dominique Rioux-Blanchette : Journaliste de l'initiative de journalisme local

Les communautés autochtones dénoncent depuis des années les coupes forestières sur leur territoire. Mais comment protéger la biodiversité, quand l’industrie n’y voit que des mètres cubes de bois? Une solution qu’a trouvée la Première Nation de Timiskaming First Nation, c’est de changer la vocation des forêts en valorisant les produits agroforestiers, tels que la filière mycologique.

« La forêt était sur le point d’être coupée, quand un des paliers du gouvernement nous a envoyé une consultation et nous a dit : nous aimerions couper cette zone, avez-vous des commentaires? et nous avons répondu : oui, c’est ici qu’on cueille nos chanterelles. Leur réaction a été très positive. Finalement, cette forêt sera sans doute préservée. Donc, c’est une victoire! » a dit Tara Dantouze, cofondatrice du projet Wild Basket et responsable des ressources naturelles de Timiskaming First Nation.

Le principal investigateur du projet est le géomaticien Dany Bisson, qui travaille avec les communautés des Premières Nations depuis plus de 20 ans, à répertorier les ressources naturelles présentes sur le territoire. Pour géolocaliser la ressource, l’équipe de Wild Basket utilise la vaste connaissance du milieu, que le géomaticien a répertorié et cartographié. Ces cartes indiquent le potentiel (de 1 à 100) d’habitation des plantes, des petits fruits et des champignons sur les différents territoires. C’est donc ensemble qu’ils ont créé le projet The Wild Basket, qui commercialise, entre autres, les chanterelles communes, champignons homard, pleurote en huitre, matsutake, thé du labrador, vinaigrier, cassis, bleuets, etc. Pour l’instant, les cueillettes sont principalement vendues dans de la communauté, en plus de fournir certains restaurateurs de la région tels que l’Eden Rouge. L’équipe travaille également sur un produit d’eau pétillante à saveur qui sera vendu au Petro-Canada de Notre-Dame-du-Nord.

« La vision de The Wild Basket a toujours été centrée sur l’utilisation du territoire, c’était important pour nous de donner un outil aux membres de la communauté pour se réapproprier et se reconnecter à la forêt », a souligné Tara Dantouze. « Nous voulons créer un plan d’affaire que les générations à venir vont pouvoir utiliser », a-t-elle précisé.

Selon madame Dantouze, il y a des limites à l’expansion du projet : l’équilibre à respecter entre prendre et laisser la ressource, pour en assurer la pérennité. Pour ce faire, Wild Basket ne cueille que les deux tiers des ressources. Par ailleurs, l’organisation n’exclut pas l’inoculation de champignons, telle que le fait la communauté du Lac-Simon, en Abitibi.

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