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Pour bien commencer l’année… trois nouvelles expositions à voir au Rift

27 janvier 2023

par : Dominique Roy | Journaliste de l’Initiative de journalisme local

photo : Francine Plante

Du 20 janvier au 4 mars, le Rift présente trois nouvelles expositions, toutes créées par des femmes de l’Abitibi-Témiscamingue : Déchirements de Colette Jacque et Francine Plante, Je n’ai plus de corps de Martine Savard et Disparue de Marie-Soleil Legendre.

Colette Jacque, de Moffet, et Francine Plante, de Ville-Marie, sont des amies de longue date. Elles n’en sont pas à leur première collaboration. Avec Déchirements, elles présentent dix sculptures chacune, soit des personnages de grandeur nature. « Les personnages de Colette sont des femmes qui expriment les douleurs intérieures, ressenties face à la mode, la maternité et la condition féminine. Elle porte la douleur des femmes dans sa démarche artistique. Mes œuvres parlent des peurs et des douleurs qui arrivent de l’extérieur et sur lesquelles on a peu de contrôle, par exemple, le vétéran qui a peur qu’une bombe lui tombe sur la tête, les diables qui apparaissent dans un coin, la petite fille qui se cache sous sa couverture », explique Francine Plante. Toutes leurs œuvres sont faites de papier, un matériau à manipuler avec soin, selon Émilie B. Côté, directrice artistique des arts visuels et coordonnatrice des activités du Centre d’exposition au Rift, en raison de ses propriétés changeantes et de sa fragilité. « Il réagit à l'humidité. Les personnages sont grandeur nature donc, parfois, le défi de les faire tenir debout dans la position qu'on désire est grand. Elles avaient aussi beaucoup d'œuvres, donc la mise en espace vient un défi lorsque toutes les œuvres sont des sculptures. Il n'y a rien sur les murs, tout est dans l'espace. On se demande comment les positionner pour qu'elles soient en relation, mais aussi en cohérence, et que ça ne soit pas trop chargé. Il faut réfléchir à comment le visiteur va circuler dans l'exposition. La mise en espace est toujours une partie très stimulante à réaliser, mais beaucoup de ces choix appartiennent aux artistes et je les guide dans leurs réflexions », explique-t-elle.

La peintre Martine Savard, de Rouyn-Noranda, est une habituée du Rift. Elle se dit heureuse d’y être de retour pour présenter sa nouvelle exposition. Je n’ai plus de corps, qui se compose d’une douzaine de toiles. Elle propose une lecture du corps qui en élimine la représentation. Ses deux dernières séries, Les lutteuses et Pomme de discorde, l’ont amenée à réfléchir à ces femmes qui sont dépossédées de leur corps. Elle pense, entre autres, à Brigitte Bardot, Elizabeth Taylor, Hedy Lamarr, Rita Hayworth, des icônes dont leur corps ne leur appartenait plus. Elles n’avaient plus d’identité; elles n’étaient considérées que pour leur beauté. L’artiste donne aussi l’exemple de la Corriveau, qui a marqué le folklore québécois. Condamnée pour le meurtre de son second époux, elle aussi était dépossédée de son corps emprisonné dans une armature. Ce sont donc ces femmes qui se cachent derrière les morceaux de linge (ou de métal dans le cas de la Corriveau) qui sont peints… tous habités par le vide. « Ça m’a pris peut-être six mois à réaliser ces tableaux-là. Ce sont des acryliques sur toile ou sur papier que j’ai rehaussés avec de la feuille d’or véritable 24 carats pour montrer le côté précieux de la personnalité, du personnage. »

Enfin, l’espace découverte est occupé par les six œuvres de Marie-Soleil Legendre qui a choisi la peinture acrylique pour présenter des femmes qu’elle qualifie de réservées, simples, mystérieuses et imparfaites. À travers ces femmes, aux yeux et aux bouches fermés, se cache un travail d’introspection… la quête identitaire de l’artiste. « Cette série est le résultat de ma volonté de m’identifier à autres choses que les évènements qui se produisent dans ma vie et à autre chose que mon entourage. Je me suis arrêtée pour me demander qui j’étais, indépendamment de ces deux facteurs, et je l’ai grossièrement peint. C’était très pêle-mêle comme temps de création, je ne me suis pas donné de règles ni de cadres, j’ai suivi mon intuition et mes émotions », mentionne-t-elle en précisant qu’il suffit de s’y attarder un peu pour y trouver un sens. Celle qui en est à sa toute première exposition décrit ses œuvres comme étant assez brutes et loin du réalisme.

Pour terminer, Émilie B. Côté présente les meilleures raisons pour visiter ces expositions de qualité. « Sortir de sa routine et voir quelque chose de différent. Les œuvres sont surprenantes, elles font réfléchir. Voir de l'art, qu'on aime ou pas, ça nous amène toujours à nous poser des questions, et quand ça nous déstabilise, c'est réussi! C'est aussi une belle sortie à faire en famille. C'est gratuit et vous serez surpris de voir ce que vos enfants interprètent lorsqu'ils voient des œuvres d'art! Ils ont un regard neuf, sans idées préconçues. Ils sont un public fascinant! »

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