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Les eaux témiscamiennes sont-elles en danger?

16 avril 2024

par : Dominique Roy | Journaliste de l’Initiative de journalisme local

Depuis le mois de janvier, l’entreposage de déchets nucléaires à Chalk River, municipalité située au nord-ouest d’Ottawa, le long de la rivière des Outaouais, suscite bon nombre de réflexions et d’inquiétudes d’un point de vue environnemental, notamment au sein des communautés autochtones. Chez nous, c’est la Première Nation Kebaowek, située au nord de Témiscaming, qui sonne l’alarme publiquement par rapport à cette situation.

Un permis accordé qui ne fait pas l’unanimité

En janvier, on apprenait que l’entreprise privée Laboratoires nucléaires canadiens avait obtenu un permis du gouvernement fédéral pour l’installation d’un entrepôt de gestion de déchets nucléaires à Chalk River. À son terme, la superficie de 37 acres pourrait contenir jusqu’à un million de mètres cubes de déchets radioactifs à faible activité, donc peu contaminés. Or, cette zone se trouve sur le territoire non cédé des communautés de la Nation algonquine Anishinabeg. En plus d’être à proximité de la rivière des Outaouais et de son bassin versant, le « dépotoir » se situe à quelques pas de lieux sacrés, en plus d’être entouré par plusieurs espèces animales et végétales faisant partie de l’écosystème de la région.

Depuis, de nombreuses préoccupations fusent dans les médias concernant les risques de contamination causés par cet entreposage de déchets radioactifs. Mais qu’en est-il pour le Témiscamingue? Nos eaux qui côtoient celles de la rivière des Outaouais sont-elles en danger? Yves Grafteaux, biologiste et directeur général de l’Organisme de bassin versant du Témiscamingue (OBVT), donne quelques précisions sur la situation.

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L’écoulement naturel des eaux

D’entrée de jeu, il précise que l’eau de notre territoire coule vers Chalk River. « Les répercussions sont davantage inquiétantes vers Ottawa que vers notre territoire, si on regarde l’écoulement naturel des eaux. C’est sûr que l’eau peut circuler par les voies des airs; ça peut s’évaporer. Elle peut arriver sur notre territoire par évaporation, puis par précipitations. Ça peut aussi circuler avec les êtres vivants, par exemple, si la faune est contaminée et que les poissons remontent la rivière jusque chez nous, ça pourrait avoir un impact. Mais on est dans des considérations de « et si… », des probabilités très faibles d’avoir un impact. »

En revanche, ce qui est une préoccupation, selon lui, c’est la gestion du projet, les choix qui ont été faits, les répercussions pour l’écosystème de la rivière des Outaouais elle-même et non pour notre secteur. « Je suis plus inquiet pour les habitants d’Ottawa, s’il y avait une fuite et qu’eux prennent leur eau potable dans la rivière. Ça m’inquiéterait plus pour eux que pour nous, parce qu’on est situé plus haut que Chalk River. »

Un point de vue partagé

Dans son ensemble, est-ce que ce projet d’entreposage est une bonne idée? Yves Grafteaux se dit partagé au sujet de ce type de déchets. « D’un côté, j’ai eu la chance de ne pas avoir de cancer dans ma vie, mais admettons que j’en aurais un, je serais content d’avoir des éléments radioactifs pour traiter des formes de cancer éventuelles. Je suis content que ce soit un avantage en santé publique de ce côté-là. Mais d’un autre côté, on produit des déchets qui ont une très longue durée de vie. L’humain n’est pas fait pour traiter des choses à très longue durée. » Bref, le biologiste comprend les préoccupations, mais pour notre territoire, en ce qui concerne l’enjeu de l’eau, il se dit relativement peu inquiet.

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